Le ver solitaire au détour du sentier
Des cas d’infestation de bétail incitent l’office du tourisme à promouvoir les bonnes pratiques
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Stéphane Sanchez
26 avril 2021 à 22:43
Gruyères-Moléson » A problème insolite, campagne de sensibilisation inédite. La Société de développement de Gruyères-Moléson-Broc et La Gruyère tourisme sont en train de développer un guide «pour une cohabitation harmonieuse en nature», à l’intention des randonneurs, vététistes et autres adeptes des loisirs en montagne. Parmi les mauvais «réflexes» que les acteurs touristiques veulent éviter: les selles humaines qui s’égrainent aux abords de certains sentiers de randonnée, en particulier dans les pâturages – l’assiette des vaches. Ces «souvenirs» peuvent receler de petites bombes à retardement.
C’est une double mésaventure qui a incité l’agriculteur Sébastien Grandjean, 50 ans, à solliciter cette démarche d’information. Le Gruérien exploite la montagne du Peny, qui longe le sentier menant de Moléson-Village à Plan-Francey (Le Tour du Moléson). Marchant vers son chalet, il désigne çà et là de «petits coins» plus ou moins discrets, fortement sollicités la saison dernière. «Bien sûr, il n’y a pas de toilettes ici. Mais le résultat est un peu dommage pour l’image du tourisme.»
Deux bêtes infestées
3300
francs de perte par bête
Le hic, c’est que ces traces ne sont pas toutes inoffensives. Récemment, deux bêtes de l’agriculteur amenées à l’abattoir ont été déclarées impropres à la consommation, le 15 octobre 2020 et le 14 janvier dernier. Diagnostic: infestation généralisée par des cysticerques, des larves de ver solitaire. «Cela représente une perte de 3300 francs environ par bête, frais d’abattage et d’élimination compris», déplore le paysan, qui ne sera pas indemnisé. Il destinait en effet cette viande à sa propre consommation et n’est pas passé par un marché public, où le premier cas de l’année est couvert.
Se sachant sain, l’agriculteur pointe du doigt les passants: «Je n’ai rien contre les randonneurs. Loin de là. Je tenais juste à ce qu’ils soient informés. Si on peut éviter que ça se reproduise, ici ou ailleurs…» Car il n’y a pas de mystère: l’homme est le seul contaminant. Les vaches ne sont que l’hôte intermédiaire du cycle de reproduction du ténia, qui a sa résidence principale dans l’intestin humain, où il peut attendre 10 mètres de long. Les œufs sont contenus dans la partie terminale du parasite, blanche, plate et allongée.
Via les selles des randonneurs, ces œufs auraient donc fini leur périple dans le fourrage du bétail qui les a ingérés. De fait, ils peuvent survivre 4 à 10 semaines sur la prairie, jusqu’à dix semaines dans le foin et environ 6 semaines dans l’herbe ensilée, selon la documentation fournie par le Service de la sécurité alimentaire et des affaires vétérinaires (SAAV). Les mains souillées peuvent aussi infester ce fourrage ou les points d’abreuvage.
De petites précautions
«Les eaux usées non connectées à une station d’épuration ou encore les lieux de pique-nique et de camping sans toilettes sont des facteurs de dissémination», explique Angélique Rime, chargée de communication du SAAV. «Il est donc important d’utiliser des toilettes raccordées ou de mettre en place des zones inaccessibles aux animaux de rente lorsque des toilettes fermées et raccordées ne sont pas disponibles.»
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