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Canton

Le siège qui aiguise bien des appétits

A peine la démission de la conseillère d’Etat Marie Garnier annoncée, les partis préparent la suite

Mardi matin, venant présenter le programme gouvernemental du Conseil d’Etat, Marie Garnier semblait déjà dire adieu.

 Patrick pugin 
et Nicolas Maradan

Patrick pugin 
et Nicolas Maradan

9 novembre 2017 à 05:00

Succession »   A peine la verte Marie Garnier a-t-elle annoncé sa démission à la surprise générale que se pose déjà la question de sa succession. Pris au dépourvu, les partis n’auront que peu de temps pour trouver des candidats. Le premier tour de cette élection complémentaire au Gouvernement fribourgeois est en effet d’ores et déjà agendé au 4 mars prochain. Un éventuel second tour aurait lieu trois semaines plus tard, le 25 mars. «C’est une décision qui doit encore être confirmée par un arrêté du Conseil d’Etat», précise son président, Maurice Ropraz. Cela devrait être le cas dès la semaine prochaine.

Ceux qui aspirent à une carrière de ministre devront donc sortir du bois rapidement. Mais qui? «C’est un siège de gauche qui doit rester à gauche», prévient d’emblée Benoît Piller, président du Parti socialiste fribourgeois. Historiquement, ce septième siège a pourtant souvent vogué entre deux eaux. Avant de revenir à Marie Garnier, élue par la gauche mais ne manquant pas une occasion de clamer son indépendance d’esprit, il était occupé par le Broyard Pascal Corminboeuf, marqué à gauche mais n’appartenant à aucun parti. Entre 1986 et 1991, cette place était dévolue à Raphaël Rimaz, dernier démocrate du centre à siéger au Conseil d’Etat fribourgeois. Avant que les socialistes Ruth Lüthi et Pierre Aeby ne côtoient au gouvernement le dissident social-démocrate Félicien Morel entre 1991 et 1996.

La gauche doit discuter

Est-ce que les socialistes partiront eux-mêmes au combat pour défendre ce siège? «C’est une éventualité. Nous sommes le parti avec la plus grande base électorale», estime Benoît Piller, précisant que des discussions devront avant tout avoir lieu avec les Verts – qui annoncent d’ores et déjà vouloir présenter l’un(e) des leurs (voir en page 11) – et le Centre gauche-PCS. Quel nom pourrait figurer sur une liste socialiste? Beaucoup prêtent au député Raoul Girard, vice-syndic de Bulle, des ambitions cantonales. Mais ce dernier semble déjà en bonne ­position pour succéder à sa camarade Anne-Claude Demierre, Gruérienne comme lui, qui quittera le Conseil d’Etat à la fin de la législature.

La gauche aura également à cœur de remplacer Marie Garnier par une autre femme. Mais le parti à la rose est confronté à un saut de générations entre des locomotives comme Erika Schnyder ou Solange Berset, pour qui le train semble déjà passé, ou des jeunes pousses comme les députées Julia Senti ou Kirthana Wickramasingam, encore un peu tendres. La réponse se trouve peut-être du côté de Berne avec la conseillère nationale Ursula Schneider Schüttel. «Je vais y réfléchir», dit-elle. Aux côtés du démocrate-chrétien Olivier Curty, cela ferait néanmoins deux Moratois au gouvernement.

L’UDC et le PLR motivés

A droite, la démission de Marie Garnier aiguise les appétits tant de l’Union démocratique du centre (UDC) que du Parti libéral-radical (PLR). A ce stade, les présidents des deux formations marquent le terrain. «L’UDC sera probablement présente à cette élection complémentaire», indique Ruedi Schläfli. Son homologue PLR, Sébastien Dorthe, se montre plus mesuré, mais ne cache pas l’intérêt de sa formation à monter au front: «Nous devons mener une analyse à tête reposée.» Ces deux alliés de la campagne de 2016 s’entendront-ils pour présenter une candidature unique? «Nous sommes ouverts à la discussion, mais c’est avant tout une affaire du parti», estime Ruedi Schläfli. Et Sébastien Dorthe de confirmer: «La discussion ne peut intervenir que dans un deuxième temps, lorsque nous aurons discuté au sein du PLR.»

Reste que les observateurs estiment que l’UDC, qui peine déjà lors des élections générales, n’a aucune chance dans une complémentaire. Au contraire du PLR, qui a le vent en poupe, et dont le candidat Peter Wüthrich avait réalisé un excellent score en 2016. Mieux classé que l’UDC Stéphane Peiry, il avait cependant dû s’effacer pour ­respecter les règles de l’entente bourgeoise. Son tour est-il venu? «Evidemment je suis intéressé», répond le Broyard, qui devra cependant faire le point sur sa situation professionnelle.

Autre libéral-radical attiré par le mandat, l’ancien président Didier Castella. Problème pour le député: la présence de deux Gruériens au Conseil d’Etat, dont son coreligionnaire Maurice Ropraz. Rédhibitoire.

Le PDC en soutien

Et à l’UDC, qui? «Il y a pléthore de candidats», affirme Ruedi Schläfli. Mais personne n’est dupe. Leur meilleur atout, Stéphane Peiry, s’est discrédité en qualifiant le Centre islam et société de «centre pour terroristes en herbe». Pour beaucoup, il est grillé. Et derrière, les personnalités ne sont pas légion: l’ancien président Roland Mesot? Le jeune député Nicolas Kolly? La vétérante Käthi Thalmann? Ruedi Schläfli lui-même? «Il est trop tôt pour articuler des noms», tranche ce dernier.

Le Parti démocrate-chrétien ne revendiquera pour sa part pas un quatrième siège. Il jouera pourtant un rôle «actif» dans la campagne, annonce le président André Schoenenweid. Défenseur de l’entente bourgeoise, il entend privilégier une «personnalité de centre droit».


 

Réactions à la démission

ANDRÉ SCHOENENWEID

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