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Canton

Le dernier envol d’un ancien pilote

Conseiller d’Etat entre 1976 et 1991, le démocrate-chrétien Marius Cottier est décédé à l’âge de 81 ans

Marius Cottier photographié en 1991, durant ses derniers mois au Conseil d’Etat fribourgeois.

 Nicolas Maradan

Nicolas Maradan

8 mars 2019 à 22:16

Politique » Il avait été avocat, pilote militaire également. Conseiller d’Etat entre 1976 et 1991, Marius Cottier est décédé jeudi des suites d’une longue maladie à l’âge de 81 ans, indiquent les autorités fribourgeoises dans un communiqué de presse. Le dernier envol d’un fidèle serviteur de l’Etat et d’un pilier de ce Parti démocrate-chrétien qu’il avait rejoint à la fin des années soixante. «Voix métallique, propos martelés, poigne d’acier: cet homme-là est coulé dans le moule des gens déterminés», écrivait Louis Ruffieux, ancien rédacteur en chef de La Liberté, au moment où le Jauner quittait le pouvoir.

Elu au gouvernement à 39 ans, Marius Cottier a pris les rênes de la Direction de l’instruction publique et des cultes, devenue quelques années plus tard la Direction de l’instruction publique et des affaires culturelles. Un changement de nomenclature qui n’était pas que cosmétique: c’est sous l’impulsion du Singinois d’adoption que le canton s’est doté d’une véritable politique culturelle, notamment en soutenant financièrement la création du Théâtre des Osses à Givisiez et en faisant passer une loi sur le Conservatoire, qui était jusqu’alors une institution privée. «Marius Cottier a mis sur pied un concept d’aide aux agents culturels en opérant cette distinction: l’Etat investissait dans l’aide à la culture professionnelle tandis que la Loterie romande apportait son soutien aux amateurs. Cela a été un pas important», souligne l’ancien ministre Félicien Morel.

Défenseur du bilinguisme

Celui qui a siégé avec lui au sein du Gouvernement fribourgeois durant deux législatures ajoute: «Il était jeune au moment où il a été élu. Il avait beaucoup d’énergie et l’envie de faire avancer les choses. Il faisait partie de cette nouvelle génération du PDC qui n’était plus fondamentalement conservatrice.» De fait, Marius Cottier, également un ardent défenseur du bilinguisme, a fait souffler un vent de réforme sur l’instruction publique, remodelant notamment l’antique loi scolaire cantonale qui datait de la fin du XIXe siècle. «C’était un magistrat important. Il a beaucoup œuvré pour le canton de Fribourg, pour son école et son université. Il faisait partie des pionniers», salue Markus Bapst, actuel vice-président du PDC fribourgeois. «Son action sur le plan législatif a été remarquable», renchérit Augustin Macheret, qui l’a d’abord côtoyé en tant que recteur de l’Université de Fribourg, puis en lui succédant au Conseil d’Etat en 1991. Il poursuit: «Je le connaissais du temps de nos études. J’ai ainsi pu apprécier son sens de l’amitié. Il pouvait paraître rigoureux, mais c’était aussi un homme jovial.» Son frère Anton, disparu en 2006, était également impliqué en politique. Il a notamment siégé au Conseil des Etats entre 1987 et 2003. Et avait présidé le PDC suisse pendant plusieurs années.

A 54 ans, Marius Cottier quittait le pouvoir mais pas la vie publique. Dans les années nonante, il a ainsi présidé la banque Raiffeisen au niveau national et participé à la fondation de l’Espace Jean Tinguely-Niki de Saint Phalle, à Fribourg. Augustin Macheret se souvient de cette anecdote: «Après mon entrée en fonction, Marius Cottier venait parfois me rendre visite. Et lorsqu’il quittait mon bureau, il éteignait systématiquement la lumière. C’était un automatisme, il se sentait toujours à la maison.» Jeudi, l’homme d’Etat a définitivement éteint la lumière.

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