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Canton

La Trême, ce torrent surveillé de près

Une étude évalue les risques d’inondation aux abords de la Trême, 51 ans après la dernière crue centennale  

Cinquante ans après la crue de la Trême, la carte des dangers d'inondation dans le secteur de Bulle-La Tour-de-Trême a été réactualisée à la lumière des changements climatiques Photo Lib / Charly Rappo, Bulle, 03.12.2019Charly Rappo

 Maud Tornare

Maud Tornare

7 décembre 2019 à 02:01

Crue » Il y a cinquante et un ans, la Trême sortait de son lit. Si elles ne firent aucune victime humaine, les crues exceptionnelles de juillet et septembre 1968 causèrent de nombreuses inondations et d’importants dégâts aux routes. Très rare, ce type d’événement n’en reste pas moins plausible. «Plus on s’éloigne de la date de la dernière crue, plus on se rapproche de la suivante», souligne Daniel Pugin, chef adjoint de la section lacs et cours d’eau au Service fribourgeois de l’environnement.

Aujourd’hui encore, le torrent fait l’objet d’un suivi régulier. Une récente étude fait le point sur les risques d’inondations aux abords de la Trême à la lumière des changements climatiques et des nouveaux moyens techniques.

La piscine hors de danger

Pour le secteur Préalpes du canton, la dernière carte des dangers d’inondation remonte à 2002. «La modélisation des phénomènes physiques est aujourd’hui beaucoup plus fine qu’il y a dix-sept ans. Les nouveaux outils et les nouvelles données nous permettent de vérifier les scénarios de façon plus précise», explique Pascale Ribordy, cheffe de projet «cartes des dangers crue» dans le canton.

Menée par la section lacs et cours d’eau et le bureau SD ingénierie, l’étude sur la Trême passe au crible la partie en plaine du torrent. Soit le tronçon du cours d’eau qui traverse la commune de Bulle sur 6,2 km de la confluence avec la Sarine au pont du moulin de la Trême. «On a là un torrent important qui traverse une zone bâtie qui s’est beaucoup densifiée, d’où l’intérêt de réactualiser la carte des dangers», explique Daniel Pugin. En 2002, la dernière carte des dangers indiquait un danger fort et moyen d’inondations dans le secteur de la piscine de Bulle. Dans le cadre du projet de rénovation des bassins, ce risque a finalement été écarté par la nouvelle étude. «On est passé d’un danger fort et moyen à un danger résiduel», indique Daniel Pugin. Sur l’ensemble du tracé étudié, les résultats obtenus montrent que les ouvrages en place sont toujours adaptés pour contenir une crue centennale, soit un débit de 110 m3/s à travers Bulle. Si bien que la carte des dangers, prochainement réactualisée, ne devrait pas beaucoup évoluer.

L’entretien des boisements le long de la Trême et des barrages en béton dans le bassin versant contribuent à minimiser les risques. «D’où l’importance de poursuivre cet entretien sans quoi la situation pourrait évoluer négativement», insiste Daniel Pugin. Ce travail revient à l’entreprise d’endiguement de la Trême qui réunit les communes de Bulle, de Vaulruz, de Vuadens, du Pâquier, de Gruyères, de Bas-Intyamon et de Semsales. «Depuis trois ans, le nettoyage des rives est entrepris chaque année par tronçons. En plus de l’entretien des barrages, d’importants travaux d’enrochement ont été réalisés dans le ruisseau du Châ à la source de la Trême», indique Patrice Morand, conseiller communal à Bulle et président du comité d’endiguement.

Les pieds dans l’eau

Mais l’étude ne s’arrête pas au scénario de la crue centennale. «Elle analyse aussi le cas de surcharge, c’est-à-dire ce qui pourrait se passer au-delà d’un débit de 110 m3/s», explique Daniel Pugin. Ce scénario «catastrophe» permet d’appréhender les effets des changements climatiques. Les températures en hausse, l’élévation de la limite des chutes de neige et la modification du régime des précipitations pourraient en effet augmenter le risque de crues.

Résultat: en cas d’événements extrêmes, la ville de Bulle pourrait se retrouver en partie les pieds dans l’eau. «On parle d’une intensité faible d’inondation entre 0 et 50 cm d’eau au maximum», précise Pascale Ribordy. Rien d’alarmant en soi, même si l’étude débouchera tout de même sur une analyse du potentiel de dommages. «Des mesures pourraient alors être prises. Tout dépendra de l’ampleur des dommages estimés. Mettons qu’il y ait des millions de francs de dégâts, cela vaudra la peine de faire quelque chose», explique Daniel Pugin. Parmi ces éventuelles mesures: l’abaissement du niveau de certains barrages à l’aval des ponts, la construction de nouveaux ouvrages de protection dans la partie montagne de la Trême ou encore des prescriptions pour les nouvelles constructions.

Au début 2020, une étude sera également lancée à Val-de-Charmey. «Il s’agit d’un projet pilote initié par le Service des forêts et de la nature», indique Pascale Ribordy. A l’échelle de toute la commune, toutes les cartes de dangers (glissements de terrain, avalanches, chutes de pierres, inondations et laves torrentielles) seront révisées.

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