La Grande Cariçaie en mode kayak

Rouge, jaune, orange, bleu: les kayaks multicolores sont alignés au bord de l’eau, prêts au départ. Pieds nus, tartinée de crème solaire, lunettes de soleil sur le nez et gilet de sauvetage sur les épaules, je me joins au groupe de 14 personnes réunies à la Nouvelle Plage, à Estavayer-le-Lac. Tout le monde est équipé pour une balade de 2 heures sur le lac de Neuchâtel. Grâce à notre guide, la biologiste Aline Cardinaux, nous allons en apprendre plus sur la Grande Cariçaie. Cet ensemble de 8 réserves naturelles sur la rive sud du lac couvre presque 3000 hectares. Il représente le plus grand ensemble marécageux lacustre de Suisse, selon Pro Natura. La météo agitée de ces dernières semaines ne l’a d’ailleurs pas épargné.

Première difficulté: monter dans le canoë sans le faire basculer et sans tomber à l’eau. Je passe l’épreuve avec brio, ce qui n’est pas le cas d’une des participantes, qui se retrouve trempée de la tête aux pieds, sous le regard amusé de son compagnon. Avec une, deux ou trois personnes, les embarcations s’élancent. Les plus lourds sont assis à l’arrière, les plus légers, notamment les enfants, prennent leurs aises à l’avant. L’épreuve suivante consiste à faire avancer son canoë de manière cohérente, à une vitesse honorable. Je m’épuise rapidement, et des douleurs musculaires aux épaules s’installent. Ma technique ne doit pas être la bonne. Après observation du maniement de la pagaie par notre cheffe de groupe, j’acquiers les bons gestes et je me sens filer sur les eaux calmes du lac.

Faune et flore protégées

La plage est bientôt loin derrière nous, tandis que nous naviguons vers le nord-est en direction de la zone de Forel. A notre droite s’étendent des roseaux à perte de vue, interrompus par quelques arbres dont les racines plongent dans l’eau. Ce paysage est celui de la Grande Cariçaie. Nous nous regroupons afin d’écouter les explications d’Aline Cardinaux: «Ces réserves naturelles sont réparties entre les cantons de Fribourg, de Vaud et de Neuchâtel. Elles protègent un tiers de la flore et un quart de la faune helvétiques, soit plus de 10’000 espèces animales et environ 1000 espèces végétales. Afin que la présence humaine ne vienne pas perturber cette incroyable biodiversité, il est formellement interdit de s’approcher à moins de 25 mètres du bord. Des bouées jaunes nous indiquent la limite à ne pas franchir.»