La fille qui fait claquer ses fouets
L’artiste Sylvia Rosat assure un numéro de fouet artistique sur la piste du Cirque de Noël à Moudon
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Marie Nicolet
28 décembre 2019 à 02:01
Portrait » ça claque à Moudon en cette fin d’année. Et ce n’est pas peu dire. Le Cirque de Noël a engagé Sylvia Rosat, détentrice depuis le mois d’août du record du plus grand nombre de claquements de fouet en jonglant avec trois fouets en une minute. Elle en a fait 86. Une prouesse. Sa passion? Le whipcracking, claquement à l’aide d’un fouet artistique. Elancée, Sylvia Rosat, 33 ans, qui a grandi à Châtel-Saint-Denis, se prête sans complexe à la séance photo. Ses fouets en main, elle arbore un large sourire.
Le shooting terminé, elle passe la petite porte de sa caravane, dans laquelle elle vient de poser ses bagages. Elle enlève ses bottes à talons hauts tout en racontant: «Nous étions en représentation hier en France.» Elle offre des biscuits et prend place sur la banquette autour de la table. Elle dégage une énergie positive et affirme être heureuse d’être là.
Cette vie de cirque et d’artiste, Sylvia Rosat la connaît bien et l’adore. Elle la côtoie depuis la fin de sa scolarité. Elle envisageait de se former comme secrétaire quand sa maman, Karin Rosat, ancienne cantatrice, lui propose de faire des stages. La jeune femme approche le Cirque Helvetia. Elle y reste quatre ans et tourne dans toute la Suisse romande passant d’un numéro de dressage à un duo de jonglage.
En toute féminité
Un jour, elle assiste à une représentation du Cirque Conelli, à Zurich, durant laquelle un homme présentait un numéro western. «J’ai eu la révélation, et j’ai compris que c’était ce que je voulais faire», confie la jeune femme tombée sous le charme du chapeau, du ceinturon, du fouet et du lasso. Sa maman lui offre son premier fouet avec lequel elle s’entraîne en autodidacte, jusqu’à 4 heures par jour, en regardant des vidéos sur internet. «Cela m’a permis de développer mon propre style», assure-t-elle.
La nuit tombe dans la caravane éclairée d’un simple plafonnier. Sylvia Rosat se dit dynamique: «J’aime faire plein de choses en même temps.» Elle raconte son art avec beaucoup d’enthousiasme et mime les gestes des claquements de fouet. Elle dit avoir été séduite par la coordination que le whipcracking impose. «C’est important de pouvoir utiliser ses mains indépendamment l’une de l’autre», explique-t-elle avant de confier éprouver une certaine satisfaction à chaque claquement. Elle dit aimer la scène et évoque ses costumes. Pas de chemises à carreaux ou de jeans. Sylvia Rosat apprécie l’attirail de cow-boy mais assume sa féminité dans des tenues plutôt sexy: «Je veux donner un coup de jeune et montrer que l’on peut être féminine tout en faisant un sport masculin.»
Généreuse, Sylvia Rosat présente un numéro rock’n’roll de 5 minutes avec des fouets qui claquent. Elle espère inspirer d’éventuelles vocations, car son plus grand regret est que le whipcracking demeure méconnu en Suisse. Ainsi, en plus de ses représentations dans des casinos, sur des croisières ou lors de marchés de Noël, elle anime divers ateliers ouverts à tout le monde mais souvent suivis par des cascadeurs, des artistes burlesques ou dans le cadre d’enterrements de vie de jeune fille.
Tressés à la main
Sylvia Rosat a plus d’un fil à son fouet. En effet, dans le but d’approfondir ses connaissances du whipcracking et d’adapter son instrument à ses performances, elle a décidé en 2011 de le tresser elle-même. Pas à pas, accompagnée d’un livre, elle a réalisé le premier. «Il n’était pas terrible», rit-elle aujourd’hui. Battante, elle ne s’est pas découragée et en a développé un à sa convenance en paracorde (corde en Nylon). Aujourd’hui, elle les commercialise notamment dans un magasin de Las Vegas, aux Etats-Unis. «Je les fais toujours à la main en environ 16 heures», explique Sylvia Rosat en précisant que ce sont ses doigts qui pâtissent de ce travail. Elle ajoute: «Aujourd’hui, je partage ma vie entre représentations, ateliers de whipcracking et tressage de fouets. Ce dernier peut se faire n’importe où, il me faut simplement un support suffisamment résistant pour que je tende les cordes.»
Pigeon voyageur, Sylvia Rosat a monté en 2018 un spectacle de rue avec son compagnon Bobby Scala, équilibriste et jongleur. «Notre but est d’ouvrir notre art indépendamment de la classe sociale», confie-t-elle. L’année dernière, ils l’ont présenté en Bulgarie, pays d’origine de son compagnon. Ils espèrent le jouer en Suisse en 2020 puis passer par la France, l’Italie voire l’Allemagne.
A demi-mot, elle raconte rêver d’Amérique ou d’Australie, ces contrées où les compétitions de whipcracking sont monnaie courante.
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