Résistance aux antibiotiques. Des chercheurs de l'Université de Fribourg montrent l’efficacité d’une nouvelle molécule
Une nouvelle molécule, le xeruborbactam, présente une certaine efficacité contre des bactéries résistantes aux antibiotiques, ont démontré des scientifiques de l'Université de Fribourg. Mais elle a aussi ses limites.
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Keystone - prétexte
ATS
Aujourd’hui à 10:07
L’équipe de l’Unité de microbiologie médicale et moléculaire de l'Université de Fribourg a analysé les forces et faiblesses du xeruborbactam, nouvelle molécule récemment développée par l’industrie pharmaceutique, indique mercredi la haute école. Il s’agit en fait d’un inhibiteur capable de bloquer l’action de certaines enzymes appelées métallo-β-lactamases.
Celles-ci sont susceptibles d’être produites par les bactéries afin de se défendre contre l’action bactéricide de certains antibiotiques. Ces enzymes «constituent une ligne de défense infranchissable pour la plupart des antibiotiques actuels, ce qui rend ces derniers inopérants», explique le Dr Christophe Le Terrier, un des principaux auteurs de l’étude.
Le xeruborbactam permet de remédier au problème. En combinant l’antibiotique et ce nouvel inhibiteur enzymatique, l’action antibactérienne de l’antibiotique peut être retrouvée, ont constaté les chercheurs.
Mitigé
L’étude fribourgeoise a évalué l’activité de cet inhibiteur envers les bactéries les plus résistantes circulant en Suisse et ailleurs dans le monde. Elle a ciblé particulièrement celles produisant les enzymes les plus «destructrices» d’antibiotiques contre l’Escherichia coli (responsable d’infections urinaires) et la Pseudomonas aeruginosa (qui peut provoquer des infections pulmonaires ou intra-abdominales).
«En combinant le xeruborbactam avec des antibiotiques comme le ceftazidime ou la céfépime, nous avons remarqué que les bactéries Escherichia coli sont devenues beaucoup plus sensibles aux antibiotiques, ce qui est une très bonne nouvelle», se réjouit Laurent Poirel, maître-assistant à l’UNIFR et directeur du Centre national de référence pour la détection précoce des résistances émergentes aux antibiotiques (Nara) basé à la haute école fribourgeoise.
En revanche, le nouveau médicament fonctionne beaucoup moins bien contre la bactérie Pseudomonas aeruginosa, jusqu’à rendre le traitement inefficace.
Face à ce problème, l’Unité de microbiologie médicale et moléculaire de l’UNIFR a un rôle prépondérant à jouer, souligne le communiqué. En identifiant les voies et les mécanismes d’échappement des bactéries multirésistantes, elle facilite le travail des industries pharmaceutiques.
«La lutte continue»
«En somme, nous indiquons la voie à suivre, ou à ne pas suivre, pour les futures recherches visant à mettre au point de nouvelles molécules», résume le Dr Poirel. «Nous ne sommes pas au bout de la route, et la recherche perpétuelle de nouvelles molécules encore plus efficaces reste cruciale», conclut-il.
Les chercheurs fribourgeois rappellent que la résistance aux antibiotiques est un véritable fléau qui remet en cause tous les succès de la médecine moderne.
Sans antibiotiques efficaces, certaines infections potentiellement graves ne pourraient pas être traitées, et la réussite de nombreuses opérations chirurgicales ou transplantations serait compromise. Un véritable retour à la situation d’avant l’invention de la pénicilline.
L’étude a été publiée dans la revue Antimicrobial Agents and Chemotherapy de la société américaine de microbiologie.