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Grand Fribourg

Coup d’arrêt au Grand Fribourg

Consultées ce dimanche, six communes sur neuf refusent la fusion avec la capitale cantonale. Le quota minimal de 50 000 habitants n’est pas atteint. L’assemblée constitutive prendra une décision en novembre

Les délégués de l’assemblée constitutive ont fait le tour du Grand Fribourg pour convaincre les citoyens.

 Patrick Chuard

Patrick Chuard

27 septembre 2021 à 04:01

Scrutin » Le Grand Fribourg a trébuché à peine une demi-heure après la fermeture des bureaux de vote, hier après-midi. Le résultat de la commune d’Avry est une déflagration: c’est non à 60,51%. Les auspices étaient pourtant favorables dans une commune où les autorités soutenaient officiellement la fusion géante. Ce signal négatif sera rapidement suivi par une guirlande de scrutins sans appel. Le non prédomine à Givisiez (66,45%) et à Corminbœuf (63,81%), deux communes qui avaient pourtant lancé le processus de fusion en 2017.

Moins surprenant, le refus du Grand Fribourg culmine à 85% à Granges-Paccot et il atteint 83,7% à Matran. Les communes observatrices de Grolley et de Pierrafortscha ne monteront pas non plus dans le bateau. Le oui ne l’emporte qu’à Fribourg, à Marly et à Belfaux. A 14 h 30, le résultat de Villars-sur-Glâne, la deuxième commune la plus peuplée du périmètre, tombe enfin. Comme un couperet: c’est non à 73,78%. Plus de doute, la fusion du Grand Fribourg est un échec.

Stupéfaction

Les opposants pavoisent. «Je suis stupéfaite par ces résultats, je ne m’attendais pas à un refus populaire aussi net», avoue Erika Schnyder, ancienne syndique de Villars-sur-Glâne et coprésidente de l’association Non à la fusion du Grand Fribourg. Elle y voit «une défaite cuisante pour le préfet de la Sarine et pour le Conseil d’Etat qui s’est énormément investi. L’assemblée constitutive n’a pas assez écouté la population et ses craintes.»

Parmi les motifs de refus, l’opposante voit le rétropédalage sur le bilinguisme qui a eu «un effet négatif. La peur d’être absorbées par la ville a joué dans beaucoup de petites communes. Sans parler de cette annonce de piscine olympique par la ville de Fribourg juste avant le vote, qui donnait l’impression que la capitale n’a pas besoin des autres.»

Un refus qui interroge

L’association Fusion 21, qui soutenait le mariage de Fribourg avec ses huit entités voisines, parle d’un «échec douloureux». Pour elle, «les résultats du jour montrent toute l’ampleur de la tâche encore à réaliser pour parvenir à réunir les communes du centre cantonal. Le refus de quelques-unes des communes était prévisible, mais la netteté du message interroge.»

Antoinette de Weck, coprésidente du comité de soutien Oui à la fusion, prend acte de la défaite. «Il était difficile de convaincre des communes dont le taux d’impôt était plus bas que celui de la capitale. La fiscalité a été un élément déterminant, surtout dans des communes qui bénéficient des services de la ville tout en ayant des revenus fiscaux élevés grâce aux entreprises, notamment.» Pour elle, certains édiles communaux «ont malheureusement réfléchi à court terme: la fusion a pu faire peur à certains, car elle aurait signifié une perte d’influence de l’Agglomération de Fribourg.»

«Plus de poids à l’agglo»

Justement, le président de l’Agglomération de Fribourg (agglo), René Schneuwly, est présent au stamm cantonal de Miséricorde, ce dimanche après-midi. Plutôt heureux du résultat: «Tout le monde est d’accord sur le fait que nous devons avoir un centre cantonal fort. Le moment est venu de se demander si on ne doit pas donner plus de poids à l’agglo pour le faire exister», se demande celui qui est aussi syndic de Granges-Paccot.

Le recours de six communes contre la décision de dissoudre l’agglo est toujours en traitement au Tribunal fédéral. «Nous avons invoqué une violation du droit d’être entendu, et je considère que le vote du jour est une forme de réponse de ces communes.»

Grand Fribourg mort-né

A 16 h 30, le bureau de l’Assemblée constitutive du Grand Fribourg prend officiellement acte de la défaite. Les trois communes qui ont dit oui à ce vote consultatif totalisent 49 517 habitants. Le Grand Fribourg est mort-né, puisque les communes qui le composent doivent réunir «ensemble au moins 50 000 habitants», selon la loi relative à l’encouragement aux fusions de communes (art.17a).

Malgré un après-midi chargé en émotions, le préfet Carl-Alex Ridoré lance un trait d’humour: «Techniquement, il suffirait d’attendre un accroissement naturel de la population pour atteindre 50 000.» Malgré une participation réjouissante, ce vote consultatif «montre qu’une part importante de la population ne se reconnaît pas dans le cadre proposé. Il reviendra à l’assemblée constitutive d’en tirer les conclusions.»

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