«C’était la folie, comme un virus!»

Collectionneurs 4/7 » La Liberté vous fait visiter les jardins secrets de Fribourgeois passionnés. Amateurs de choses rares ou d’objets qui les font simplement vibrer.

«Je ne l’ai jamais adulé. Je ne suis pas le plus fanatique, mais en Suisse, je suis celui qui a la plus grande collection!» assure Noël Berger, 70 ans. Il parle ainsi de Johnny Hallyday. Dans sa villa de Noréaz, ce collectionneur qui n’a pas l’habitude des projecteurs a accumulé une remarquable série d’objets liés au chanteur français. C’est la première fois que Noël Berger présente sa collection. Tables, tiroirs et étagères recèlent plus de 2000 vinyles et CD, ainsi que des cassettes vidéo, DVD, livres, posters, magazines, calendriers, partitions ou cartes postales, arborant toutes le visage de la fameuse idole des jeunes.

Même le non-initié se trouve vite gagné par la fougue du passionné. Ainsi, alors qu’il présente une pièce, il précise: «C’est Et maintenant que vais-je faire qu’il a interprété au Parc des Princes: quand il a disparu de scène par une trappe alors qu’il venait d’annoncer qu’il arrêtait, j’en ai versé une larme!» Et d’ajouter: «Celui-ci noté «Johnny Apollo» est un disque pirate sorti aux USA!» Noël Berger connaît sa collection jusqu’au moindre détail et peut retrouver dans la minute n’importe quel album, le tout étant classé avec la méticulosité et le soin qui le caractérisent.

Un «virus» qui vous prend

Fruit de plus de trente ans de travail, la collection est née d’un déclic: alors qu’il a 12 ans, il entend une émission sur de nouveaux disques où un rock inédit vient déboulonner le tranquille Tino Rossi. A 14 ans, il achète son premier disque: D’où viens-tu Johnny. Puis à l’école secondaire, il se procure des disques de la période Vogue (première maison de disques avant Philips). «C’était un tel changement dans la musique qu’on entendait! Un bouleversement! En France, il n’y a eu que trois chanteurs selon moi: Edith Piaf, Jacques Brel et Johnny!»

«Je suis parvenu à un âge où je me suis dit: que vais-je faire de tout ça?»

Noël Berger

Mais ce n’est que dans les années 80 à Genève qu’il commence vraiment sa collection, après la découverte d’un magasin vendant des vinyles des années 60. Il écume les foires de disques et vinyles à Paris ou Londres, se levant à l’aube et trouvant des astuces pour dénicher le premier une rareté. Sa femme Micheline, qui apprécie le chanteur, l’accompagne et réalisera même pour lui un portrait de Johnny au point de croix. Puis, avec E-Bay, s’ouvre la possibilité d’acheter des CD de partout: «C’était la folie, comme un virus!, j’en achetais 3-4 par semaine. Je misais à 4h du mat, attendant la dernière seconde pour être sûr d’obtenir la perle!» Il achète à double, parfois pour un détail qui diverge entre deux exemplaires. «C’est la collection d’une vie! Le plaisir de toucher une rareté: je ne les écoute même pas! Mais je les veux parfaits: le but étant qu’ils soient le plus proches possible du neuf. Johnny était presque secondaire à la fin», note-t-il, mais tout en relevant: «Aucun autre chanteur ne me touche autant aux tripes, me donne la chair de poule! C’était le plus grand!»

Des «raretés» de tous pays

Dans sa collection, Noël Berger possède des «raretés», dont un poster de Point de chute, film dans lequel a joué le chanteur, sorti uniquement en Espagne. Ou l’album Hamlet en version japonaise: «Les images de la pochette ont été censurées, jugées trop érotiques!» «J’ai tout ce qui est sorti au Japon, CD et 33 tours! Et du Mexique, Pérou, Chili, Turquie, Portugal, Israël, Iran, Liban…»