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Les collectionneurs

«Le jeu d’échecs représente la vie!»

Le Fribourgeois Bernard Bovigny possède plus de quarante jeux d’échecs provenant de différents pays

Bernard Bovigny a reçu son premier jeu d’échecs à l’âge de 24 ans, ramené de Russie par ses parents.

 Nicole Rüttimann

Nicole Rüttimann

18 août 2020 à 04:01

La Liberté vous fait visiter les jardins secrets de Fribourgeois passionnés. Amateurs de choses rares ou d’objets qui les font simplement vibrer.

«On est un peu comme on joue! Les échecs sont une représentation d’un champ de bataille. Et de la vie! Dans la façon de jouer, la prudence et la persévérance, estimer quelles sont ses chances et points forts.» De la persévérance, il en aura fallu à ce passionné qu’est Bernard Bovigny. Que ce soit face aux adversaires durant les tournois ou pour réunir sa quarantaine de jeux d’échecs de collection, issus de divers pays. Sorties de la cave pour l’occasion, ces armées de pièces en pierre, bois, métal ou cristal, des plus stylisées aux plus fantasques, déploient au grand jour leurs fastes sous les yeux éblouis du visiteur. Et jusqu’à ses pieds où s’étale… un tapis-échiquier aux capsules en guise de pièces. «L’héritage d’un concours à l’ex-usine Cardinal», sourit l’assistant pastoral, pour qui ce jeu semble aussi être une vocation.

«Les échecs? Pour gagner!»

Enfant, son frère lui apprend les règles des échecs. Et c’est à l’Ecole normale que le saisit véritablement la passion pour le jeu: ses amis le taquinent pour qu’il prenne part au tournoi qu’ils ont organisé. Il se décide… et le remporte. C’est une révélation: «A cette époque, je faisais du sport mais sans atteindre un niveau qui me satisfaisait. Quand j’ai commencé à gagner aux échecs, j’ai lâché le sport!»

Bernard Bovigny rejoint le Club d’échecs de Fribourg à 17 ans. «Trop tard pour percer. Car il faut commencer jeune pour former la pensée, acquérir le potentiel», estime-t-il. Mais un âge idéal pour développer une vision globale du jeu essentielle. Vision à laquelle les enfants n’accèdent souvent qu’après avoir passé par plusieurs phases dont une matérialiste, constate celui qui enseigne et s’est classé deux fois champion fribourgeois junior. «Par la suite, j’ai atteint un plafond. Je ne prends sans doute pas assez de risques. Je préfère proposer le nul plutôt que de perdre, je déteste la défaite!» confie Bernard Bovigny, qui sera capitaine d’équipe et président du club. Et en 1987, il remportera la Coupe Suisse par équipes.

L’idée de collectionner les jeux d’échecs lui vient alors qu’il est déjà un joueur passionné. Le Fribourgeois reçoit son premier jeu à 24 ans, ramené de Russie par ses parents. Mais le déclic se fait à la fin 1980, quand, en vacances en Camargue, il tombe en arrêt devant deux jeux, l’un de style médiéval, l’autre japonais. Réalisés en pierre coulée par un artisan, ils constitueront les éléments les plus lourds de sa collection: 9 kg pour le style médiéval, 14 kg pour le japonais! Le Fribourgeois étoffera sa collection à coups d’achats locaux ou en voyage, sur internet ou reçus comme cadeau. «J’ai acquis les trois quarts de ma collection entre les années 1980 et 2000. Depuis, j’ai freiné.»

Bernard Bovigny reste à l’affût: «Même si tous les pays n’ont pas développé cette tradition, si je vais à l’étranger j’essaie de trouver un jeu. Car chaque lieu a ses pièces caractéristiques: sorciers du village en Afrique, Matriochkas (poupées) en Russie…» Le dernier jeu, le Fribourgeois l’a ramené de ses vacances en Grèce en juillet dernier. Il en a aussi acheté, en Suisse ou sur place, de Hongrie, d’Italie, d’Israël, de Turquie ou d’Inde.

A l’instar du joyau de sa collection (lire encadré), les jeux valent au maximum quelques centaines de francs, le plus cher à sa connaissance valant 500 francs. «Je ne me ruine pas. L’ensemble de mes jeux de collection doit valoir quelques milliers de francs. Sans compter les hors collection. Car il n’y en a aucun sur les 40 sur lequel on peut jouer!» En effet, seuls les jeux au type de design standard dits Staunton, du nom du joueur qui les a approuvés en 1849, sont utilisés pour les tournois. «Pour que l’esprit du joueur ne soit pas limité par la reconnaissance des pièces.» Il serait en effet difficile de se concentrer face aux pièces ultrastylisées du jeu japonais, ou pire, face à ces pièces effigies de la série Les Simpson! «J’avais acheté à un particulier sur Facebook un jeu aux pièces plaquées or et argent. Et il m’a donné celui-ci avec!»

Une école d’échecs en projet

Pour Bernard Bovigny, les échecs sont bien plus qu’un jeu. «Dès le premier échange, il y a 400 positions possibles. Leur nombre est ensuite exponentiel. Chaque partie est unique, il faut anticiper les menaces, être attentif et avoir du flair. Et ce jeu réunit les gens et apporte beaucoup. Il exerce la sociabilité, la mémoire, la capacité d’analyse… Il aide dans la vie comme au niveau scolaire!»

S’il a presque arrêté de jouer, le Fribourgeois souhaite transmettre sa passion par le biais de l’enseignement: «Avec Jean-Pierre Dorand, je voudrais ouvrir une école d’échecs pour jeunes cet automne en principe au Schoenberg. A Fribourg, il n’en existe pas encore. Mais les écoles déjà en place en Suisse alémanique ou à Payerne ont du succès.» Et de relever que les clubs ne doivent pas se contenter d’organiser des soirées jeux s’ils veulent faire face à la concurrence des autres loisirs et des tournois d’échecs sur internet, qui ont explosé durant la pandémie.

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