A l'heure des Exécutifs réduits
Plusieurs communes ont décidé de diminuer le nombre d’élus siégeant au sein de leurs exécutifs
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Marc-Roland Zoellig
21 janvier 2021 à 21:11
Institutions » Une tendance semble se dessiner à l’aube de ces élections communales 2021: celle d’une compression et d’une certaine professionnalisation des exécutifs locaux. Pas moins de quatre localités de la couronne fribourgeoise ont décidé de diminuer les effectifs de leurs Conseils communaux en prévision de la nouvelle législature: Guin, Marly, Grolley et Belfaux. A l’échelon du canton et de la Broye vaudoise, une dizaine de communes au total vont se doter d’autorités exécutives réduites. Ces restructurations sont souvent couplées à un renforcement de leurs administrations communales, particulièrement dans certains domaines techniques liés notamment aux constructions.
Marly et Guin, les deux plus grandes localités de ce panel en termes de population, ont fait appel à un cabinet d’audit pour les accompagner dans ce processus qui fera passer leurs exécutifs de neuf à sept membres. Il devient difficile de gérer une commune dépassant 8000 habitants comme un village, explique Kuno Philipona. Le syndic de Guin, qui a décidé de ne pas solliciter un nouveau mandat après vingt ans passés à l’exécutif dont dix à sa tête, relève qu’une certaine professionnalisation permettra aussi de recruter des conseillers qui renonceraient sinon à s’engager par manque de disponibilité. Guin les rémunérera désormais à 20%, ce qui leur donnera la possibilité de réduire leur taux d’engagement dans leur activité principale. Quant au futur syndic, il sera engagé à 80%.
Equilibre à trouver
7
Peut-être le chiffre magique en matière de taille de l’effectif
S’appuyant sur les conclusions du cabinet d’audit, l’exécutif de la commune singinoise de l’agglomération de Fribourg a remodelé ses dicastères afin qu’ils s’accordent avec la structure de l’administration communale, évitant ainsi qu’un chef de service se retrouve face à trois ou quatre conseillers communaux. «Mais l’objectif n’est pas de se laisser gouverner par l’administration», prévient Kuno Philipona en insistant sur l’équilibre à trouver entre la stratégie (qui restera du ressort du politique) et l’opérationnel. Un équilibre qui devrait aussi contribuer à harmoniser le climat, à l’heure où la démission surprise, cet automne, d’un conseiller communal s’étant plaint du fonctionnement de l’exécutif, crée quelques remous à Guin et à la Préfecture de la Singine.
A Marly, Jean-Pierre Helbling pointe également l’importance d’harmoniser les structures et les fonctions. Le syndic de la commune sarinoise – qui quittera lui aussi son siège à la fin de cette législature – estime que la réforme découle d’«une approche plus transversale entre les dicastères», limitant le nombre d’interlocuteurs intervenant sur un dossier particulier. Il défend toutefois résolument le système de milice: à Marly, seul le futur syndic sera salarié à 50%, ses six collègues de l’exécutif devant se contenter d’indemnités à l’exception du responsable de l’aménagement, engagé à 20%. «Avec sept conseillers, c’est tout à fait jouable», assure Jean-Pierre Helbling. Cela aurait été plus difficile à cinq, variante qui a également été étudiée, précise-t-il.
Esprit de milice
Cet esprit de milice, on semble y tenir. Micheline Guerry-Berchier, directrice de l’Association des communes fribourgeoises (ACF), estime qu’il fait partie d’une tradition «ancrée dans l’esprit populaire». Sa remise en cause revient certes régulièrement sur le tapis lorsqu’il est question de gouvernance, mais imposer par le haut une professionnalisation des exécutifs relèverait, selon elle, d’une «atteinte à l’autonomie communale» nullement souhaitable.
D’après la directrice de l’ACF, la refonte des autorités politiques et l’équilibre à trouver avec les administrations sont les ingrédients d’une formule devant permettre aux élus de se consacrer le plus possible à leurs mandats politiques dans un environnement où les dossiers deviennent de plus en plus complexes. «Cela correspond à un renforcement des communes en tant qu’autorités et maillons de proximité.»
Répartition des tâches
A Grolley, qui passera de neuf à sept conseillers communaux, le syndic Christophe Pretet explique que l’engagement d’un responsable technique à plein-temps, avec pour mission de gérer les dossiers complexes liés notamment aux constructions, de même que l’acceptation par la population de l’introduction du Conseil général, «nous a convaincus qu’il était possible de diminuer le nombre de conseillers communaux et de mieux répartir les tâches». Amenant davantage de professionnalisme, cette solution permettra aux conseillers communaux de se concentrer sur des questions stratégiques, estime-t-il.
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