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RDC. RDC: le M23 entre dans Bukavu, Tshisekedi renonce au sommet de l'UA

Des combattants du M23 alliés à des troupes rwandaises sont entrés vendredi dans Bukavu, après avoir pris le contrôle de l'aéroport de la ville de l'Est de la RDC. Le président congolais a renoncé à participer au sommet de l'Union africaine ce weekend en Ethiopie.

Les dernières violences ont déjà fait près de 3000 morts selon l'ONU. A Goma, la situation humanitaire est alarmante. L'accès à l'eau est toujours partiellement coupé, certains habitants allant puiser dans le lac Kivu où des corps ont été repêchés après les combats dans la ville.KEYSTONE/AP/Moses Sawasawa

ATS
AFP

ATS et AFP

14 février 2025 à 21:51, mis à jour à 21:57

Temps de lecture : 3 min

Après s'être emparés fin janvier, au terme d'une offensive éclair, de Goma, capitale de la province du Nord-Kivu, les combattants du groupe armé antigouvernemental M23 ("Mouvement du 23 mars") et les soldats rwandais ont poursuivi leur avancée dans la province voisine du Sud-Kivu.

Selon des sources sécuritaire et humanitaire, le M23 est entré presque sans résistance dans les quartiers périphériques du nord-ouest de Bukavu, chef-lieu du Sud-Kivu. Quelques heures plus tôt, le groupe armé avait pris le contrôle de l'aéroport provincial, site stratégique où étaient positionnées les forces armées congolaises (FARDC) et situé à une trentaine de kilomètres de la ville.

Les militaires congolais et leurs familles avaient reçu consigne dans la matinée de quitter les camps militaires situés en ville, selon des sources sécuritaires. Des motos chargées de matelas et d'affaires personnelles ont débarqué en début de journée dans les rues de Bukavu, a constaté un journaliste de l'AFP. Les magasins de la ville ont gardé le rideau baissé.

Les représentants de la société civile, dans une lettre adressée ces derniers jours aux autorités locales, avaient appelé l'armée à ne pas "engager les affrontements dans la ville" pour éviter une "boucherie humaine".

Contrôle total du lac Kivu

Selon une source sécuritaire, FARDC et troupes burundaises déployées dans la région en soutien à Kinshasa se sont majoritairement repliés vers le sud-est de Bukavu en direction de la frontière avec le Burundi. Cette frontière a été brièvement fermée jeudi après-midi aux Congolais fuyant Goma et Bukavu, selon plusieurs sources locales.

La chute imminente de Bukavu, déjà tombée en 2004 aux mains de soldats dissidents de l'armée congolaise, donnerait au M23 et aux troupes rwandaises le contrôle total du lac Kivu, qui s'étire le long de la frontière rwandaise.

Tshishekedi appelle à des sanctions

Le président congolais Felix Tshishekedi, en déplacement en Allemagne jeudi et vendredi, et qui avait initialement prévu de participer au sommet des chefs d'Etats de l'Union africaine (UA) samedi et dimanche dans la capitale éthiopienne Addis Abeba, a finalement renoncé.

"Il doit suivre la situation de terrain en RDC de près", a expliqué vendredi à l'AFP une source gouvernementale précisant que le chef d'Etat, qui a dénoncé à Munich les "ambitions expansionnistes" du Rwanda voisin et réitéré son appel à des sanctions de la communauté internationale, sera de retour à Kinshasa dans la soirée.

Risque de guerre régionale

Le président de la Commission de l'UA, Moussa Faki Mahamat, a appelé vendredi à observer "obligatoirement" un cessez-le-feu.

La semaine dernière, les dirigeants d'Afrique australe et de l'Est réunis en sommet en Tanzanie avaient appelé à un cessez-le-feu "inconditionnel" et demandé à leurs états-majors d'en proposer cette semaine un plan d'application.

Depuis la récente intensification du conflit dans l'Est congolais, les appels de la communauté internationale à une désescalade se sont en vain multipliés, sur fond de crainte d'une guerre régionale.

L'Ouganda et le Burundi voisins, mais aussi l'Afrique du Sud, ont des troupes déployées dans l'est de RDC, en appui de l'armée congolaise.

Près de 3000 morts, plus d'eau

Les dernières violences ont déjà fait près de 3000 morts selon l'ONU. A Goma, la situation humanitaire est alarmante. L'accès à l'eau est toujours partiellement coupé, certains habitants allant puiser dans le lac Kivu où des corps ont été repêchés après les combats dans la ville.

Le bureau des Affaires humanitaires de l'ONU (Ocha) a alerté cette semaine contre un risque de propagation du choléra.

Les centaines de milliers de déplacés, qui ont fui leur village au fur et à mesure de l'avancée des combats vers Goma et qui vivaient entassés dans des camps insalubres dans la périphérie de la ville, ont été sommés par le M23 de partir.

Zones inaccessibles à l'aide

"La crise s'aggrave à mesure que les personnes fuient vers des zones où l'aide humanitaire ne peut pas les atteindre en raison de l'insécurité", a alerté vendredi une porte-parole de l'agence de l'ONU pour les réfugiés (HCR), Eujin Byun.

Des dizaines de patients atteints par le virus de la variole du singe (mpox) et à l'isolement à l'hôpital de Goma ont également fui les combats, a mis en garde l'OMS.