Proche-Orient. Quatre corps d’otages rendus à Israël jeudi en échange de détenus
Le Hamas a annoncé mercredi qu’il rendrait jeudi quatre corps d’otages retenus à Gaza contre plus de 600 Palestiniens devant être libérés par Israël. Israël a également fait état d’un accord avec les médiateurs internationaux.
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ATS et AFP
Aujourd’hui à 11:53, mis à jour à 14:32
La première phase de la trêve en place depuis le 19 janvier doit s’achever samedi après avoir permis plusieurs échanges de prisonniers palestiniens contre des otages, vivants ou morts. Mais ce cessez-le-feu très fragile a plusieurs fois été mis en péril par des accusations mutuelles de violation, alors que la suite de la trêve reste incertaine.
A trois jours de la fin de la première phase, les termes de la deuxième étape, qui doit voir la fin de la guerre, n’ont toujours pas été négociés.
«Beaucoup de progrès»
Mardi soir, l’émissaire du président américain Donald Trump pour le Moyen-Orient, Steve Witkoff, a cependant fait état de «beaucoup de progrès» en vue d’une reprise des négociations. Il a annoncé qu’Israël envoyait une équipe de négociateurs «soit à Doha soit au Caire, où les négociations vont commencer».
Mercredi, deux responsables du Hamas ont indiqué à l’AFP que le mouvement islamiste allait restituer jeudi à Israël les corps de quatre otages en échange de plus de 600 prisonniers palestiniens, dont la libération était bloquée depuis samedi par Israël.
Les médiateurs ont "informé le Hamas que le processus d’échange" d’otages et de prisonniers "devait commencer jeudi. Selon l’accord, le Hamas et d’autres groupes armés "remettront quatre corps (d’otages) israéliens, et en retour, Israël libérera plus de 600" Palestiniens détenus dans ses prisons, ont précisé ces deux responsables.
Interrogé par l’AFP lui demandant si un tel accord avait été conclu, un porte-parole du bureau du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a répondu «oui», sans autres détails. Un autre responsable israélien a également confirmé l’information.
Mise en scène «humiliante»
Ces libérations auraient dû intervenir le 22 février, quand le Hamas avait relâché six Israéliens. Mais Israël avait alors annulé la libération prévue de 620 Palestiniens, exigeant la fin des «cérémonies humiliantes» mises en scène par le Hamas à chaque libération d’otages.
En réponse, le Hamas avait accusé Israël de «mettre en grave danger tout l’accord de trêve», et appelé les pays médiateurs - Etats-Unis, Qatar et Egypte - à intervenir.
Le CICR notamment a protesté contre ces cérémonies, lors desquelles les otages étaient exhibés sur des podiums face à la foule, et exhorté toutes les parties à procéder aux échanges de prisonniers et d’otages «de manière digne et privée».
Au total, 25 otages israéliens en vie et quatre morts ont été rendus à Israël depuis le début de la trêve, sur un total de 33 prévu durant la première phase, en échange d’environ 1100 Palestiniens sur un total de 1900.
Cortège funèbre
En Israël, une foule émue de milliers de personnes s’est massée dès mercredi matin le long des routes pour saluer le passage du cortège funéraire transportant les dépouilles de Shiri Bibas et ses deux petits garçons tués en captivité à Gaza, devenus le symbole de la tragédie des otages.
Tous les trois avaient été enlevés lors de l’attaque du Hamas en Israël le 7 octobre 2023, qui a déclenché la guerre dans la bande de Gaza. Leurs corps ont été restitués à Israël la semaine dernière.
Le cortège, où flottaient des ballons orange, symbole des deux petits garçons aux cheveux roux âgés de huit mois et demi et quatre ans au moment de leur enlèvement, est parti mercredi matin de Rishon Letzion, au sud de Tel-Aviv, en direction de Nir Oz, le kibboutz de la famille Bibas dans le sud d’Israël, à une centaine de kilomètres de là, où devaient avoir lieu les funérailles.
«Je pense que si je m’arrête pour y penser plus d’une fraction de seconde, je me sens tellement malade, tellement malade», a déclaré Simi Polonasky, 38 ans, qui a fait le voyage depuis Miami pour soutenir les familles d’otages.
Milliers de victimes
L’attaque du Hamas a fait 1215 morts du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l’AFP incluant les otages morts ou tués en captivité. Au total, 251 personnes avaient été enlevées. L’offensive israélienne menée en représailles à Gaza a fait au moins 48’319 morts, en majorité des civils, selon les données du ministère de la Santé du Hamas, jugées fiables par l’ONU.
La deuxième phase du cessez-le-feu est censée mettre fin définitivement à la guerre, ce à quoi l'extrême droite israélienne alliée de Benjamin Netanyahu s’oppose, menaçant la survie de son gouvernement. Le Hamas s’est pour sa part dit prêt à libérer «en une seule fois» tous les otages restants durant cette deuxième phase.