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Canada. Mark Carney va devenir le nouveau premier ministre canadien

Le parti libéral au pouvoir au Canada a élu à sa tête Mark Carney pour remplacer Justin Trudeau, qui a démissionné. Cet ancien banquier va devenir le nouveau premier ministre, au moment où le pays fait face à des tensions élevées avec son voisin, les Etats-Unis.

Mark Carney est un ancien banquier central de 59 ans, novice en politique.KEYSTONE/AP/Justin Tang

ATS
AFP

ATS et AFP

9 mars 2025 à 22:08, mis à jour le 10 mars 2025 à 00:32

Temps de lecture : 1 min

Mark Carney, 59 ans, novice en politique, a obtenu 85,9% du vote des militants, a annoncé le président du parti libéral, loin devant l'ancienne ministre des finances Chrystia Freeland, qui a recueilli 8% des voix. Il était donné largement favori depuis la démission au début janvier de Justin Trudeau en plein chaos politique.

Mark Carney est appelé à devenir premier ministre dans les jours qui viennent après une passation de pouvoirs, une fois le gouvernement formé. L'ancien directeur de la Banque du Canada et de la Banque d'Angleterre, qui avait largement devancé ses adversaires en termes de fonds levés, a été longuement ovationné par les militants.

Ne "pas laisser Trump gagner"

Ces dernières semaines, une seule question a dominé les débats: qui est la bonne personne pour affronter le président américain Donald Trump et ses attaques? "Les Américains veulent nos ressources, notre eau, notre terre, notre pays" a prévenu dimanche Mark Carney lors de son discours de victoire.

"Nous ne pouvons pas laisser Trump gagner", a-t-il ajouté parlant d'une période de "grand péril" pour le Canada et estimant que le pays devait "bâtir une nouvelle économie et créer de nouvelles relations commerciales".

Le président américain a lancé une guerre commerciale en imposant des droits de douane sur des produits canadiens et ne cesse de dire qu'il souhaite que le Canada devienne le "51e Etat américain". ces attaques exaspèrent les Canadiens, dont beaucoup renoncent à leur voyage au sud de la frontière et boycottent les produits américains.

Peu avant l'annonce des résultats dimanche, dans un discours d'adieu, Justin Trudeau a d'ailleurs qualifié les menaces de Donald Trump de "défi existentiel" pour le pays. "La liberté n'est pas un acquis, même le Canada n'est pas un acquis", a-t-il mis en garde.

"L'heure est grave"

Au centre des congrès de la capitale Ottawa, où de grands drapeaux canadiens ont été accrochés, les militants se pressaient dans l'après-midi. Venu avec son maillot de hockey sur galce, Greg MacEachern, estime auprès de l'AFP que "l'heure est grave" et "que les gens ont pris cette élection très, très au sérieux".

Luzminda Longkines, tout de rouge vêtue, la couleur des libéraux, veut un parti fort face aux conservateurs qui affirment que le "pays est cassé". "Mais c'est faux et Donald Trump vient d'unir le pays, nous avons maintenant un ennemi commun".

Mark Carney, qui n'a jamais été élu, séduit grâce à "son expérience économique et son sérieux", explique Stéphanie Chouinard, professeure de sciences politiques au Collège militaire royal du Canada. "Il connaît très bien les systèmes financiers internationaux et les forces et les faiblesses de l'économie canadienne", ajoute-t-elle.

Tout en affrontant les assauts américains, Mark Carney devra rapidement rassembler son parti en vue des prochaines élections.

Elections législatives

Celles-ci doivent se tenir au plus tard en octobre, mais pourraient être déclenchées plus rapidement que cela. Elles promettent d'être plus disputées qu'attendues.

Selon un sondage de l'institut Angus Reid publié mercredi, M. Carney est le choix préféré des Canadiens pour affronter M. Trump, avec 43% des personnes interrogées qui le plébiscitent contre 34% pour le chef de file des conservateurs, Pierre Poilievre.

Ce dernier, qui avait le vent en poupe ces derniers mois, semble perdre du terrain dans ce nouveau contexte politique même si le parti conservateur reste légèrement en tête des intentions de vote.

"Sa rhétorique populiste", qui rappelle celle de Donald Trump, dérange une partie des Canadiens, explique Daniel Béland, professeur de sciences politiques à l'université McGill de Montréal.