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Aérospatiale. Premier vol d'Ariane 6 pour sceller la souveraineté européenne

La première mission commerciale de la fusée Ariane 6 destinée à lancer lundi un satellite militaire français doit sceller la souveraineté retrouvée de l'Europe spatiale dans un contexte de rapprochement spectaculaire entre les Etats-Unis et la Russie.

Sous-traitant le lancement de ses satellites à la Russie, l'Europe avait vu son accès à l'espace interrompu par l'éclatement de la guerre en Ukraine. (archive)KEYSTONE/EPA/CLEMENS BILAN

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ATS, AWP et AFP

Aujourd’hui à 07:27, mis à jour à 07:33

Temps de lecture : 3 min

Après plusieurs reports, la fusée lourde européenne doit décoller de Kourou, en Guyane française, à 13H24 locale (16H24 GMT).

Son passager, le satellite CSO-3 ("composante spatiale optique") qui sera placé sur une orbite à 800 kilomètres, va compléter la mini-constellation de surveillance de la Terre pour le ministère français de la Défense.

Cette mission est importante pour l'armée française car le CSO-3, dont la présence en orbite va améliorer les capacités de renseignement, attend depuis 2022 d'être lancé.

Les deux premiers, CSO-1 et CSO-2, avaient été envoyés en 2018 et 2020 par des Soyouz russes.

"C'est toujours mieux d'avoir un lanceur à soi", a déclaré à l'AFP le général Philippe Steininger, auteur du livre "Révolutions spatiales" et consultant du Cnes, le Centre national d'études spatiales.

Après le vol inaugural réussi d'Ariane 6 en juillet, un an après le dernier d'Ariane 5, ce lancement prévu lundi doit sécuriser l'accès autonome de l'Europe à l'espace dont elle a été privée pendant plusieurs mois, ne pouvant plus disposer de Soyouz depuis l'invasion de l'Ukraine en 2022.

L'autre fusée européenne légère, Vega-C, n'a repris les vols qu'en décembre 2024 après avoir été immobilisée pendant deux ans dans la foulée d'un accident ayant entraîné la perte de satellites.

Reports fréquents

Initialement envisagée en décembre, puis fixée au 26 février, la mission a été reportée à lundi, une pratique courante dans le secteur spatial.

Les spécialistes ont d'abord pris leur temps pour examiner les données issues du vol inaugural.

En juillet, Ariane 6 n'emportait pas de satellites commerciaux, mais seulement une dizaine de micro-satellites d'universités.

"C'était très important pour la France et pour l'Europe de retrouver cet accès autonome à l'espace parce qu'on ne peut pas avoir de politique spatiale aujourd'hui sans avoir les moyens d'envoyer nos satellites dans l'espace de façon autonome", a déclaré à l'AFP Lionel Suchet, patron du Cnes par intérim.

Le dernier retard du lancement a été provoqué par des problèmes logistiques concernant les moyens de transport du satellite.

"Ce qui compte dans ces cas-là, c'est d'être sûr que tout est sécurisé. Comme tous les lancements, c'est un lancement à risque. Il peut se passer des problèmes sur le lanceur, sur le satellite. On s'assure que tout soit prêt et si on prend quelques semaines de plus, quelques mois de plus, ce n'est pas un problème", souligne Lionel Suchet.

"Cette mission est tout aussi importante qu'un vol inaugural. Il faut les réussir", a souligné auprès de l'AFP Carine Leveau, directrice du transport spatial au Cnes.

32 lancements prévus

Ce vol opérationnel sera le premier des 32 que compte désormais le carnet de commandes d'Ariane 6 offrant des années d'activité au centre spatial à Kourou.

"Le monde entier nous regarde. (...) Les clients et opérateurs de télécommunications par satellite sont impatients qu'Ariane 6 arrive en exploitation et soit un succès", a indiqué à l'AFP en février le nouveau patron d'Arianespace David Cavaillolès.

Face à une concurrence de plus en plus forte avec SpaceX d'Elon Musk et les investissements institutionnels américains dans le spatial cinq fois supérieurs à ceux des européens, "ma priorité est de satisfaire nos clients, aussi bien institutionnels que commerciaux", a-t-il souligné.