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Le passé recomposé

Points de vue sur la Grand-Rue

Le passé recomposé • Le débat s’anime autour de la Grand-Rue de Bulle et autour d’une question: to be or not to be piétonne?

La Grand-Rue à Bulle, avant 1905 et aujourd’hui.

11 décembre 2014 à 13:52

Largement centenaire, cette vue (datée d’avant 1905 par la BCU) retient l’attention en 2014. Le cadre urbain ici circonscrit montre la portion nord de la Grand-Rue, au centre d’un enjeu sociétal: faut-il en faire une rue piétonne? Au début du siècle passé, qu’y voit-on? Des commerces et des cafés, des enfants au milieu de la rue, large et sans voitures. Plus de cent ans plus tard, toujours des commerces et des cafés (plus encore, signe de vitalité), une cohabitation entre voitures et piétons (et quelques terrasses en plus). Et toujours une large rue!

Une fois n’est pas coutume, cette chronique se penche ici sur l’actualité. Avec un développement «effréné», Bulle fait l’actu dans les médias. Convient-il de piétonniser la Grand-Rue? Petite plongée dans la notion d’espace public. L’échelle d’abord. La Grand-Rue n’est ni le boulevard de Pérolles ni la rue de Lausanne. Comme le premier, elle est plutôt large et arborée, comme la seconde, elle est en partie pavée. De par son échelle, elle n’est pas du type médiéval se prêtant si bien à un usage piétonnier. Le positionnement géographique ensuite. Bulle est l’une des rares (petites) villes suisses en bordure des Préalpes. Non loin des pâturages, des forêts et des vanils, elle apporte la marque de l’urbanité. C’est LA ville où l’on se rend et se retrouve au sortir des vallées pour y faire ses achats extraquotidiens. On y trouve de tout et tout ce qu’il faut pour (bien) vivre. A la Grand-Rue, on est en présence d’un alignement de commerces et d’établissements publics, typés et d’échelle humaine. Cette mixité - piétons prioritaires et voitures invitées, commerces de détail et bistrots - est une précieuse et rare plus-value urbaine (avec de plus des hyper et supermarchés à moins d’un kilomètre!).

Portons le regard sur d’autres villes comparables. C’est une petite ville au plan urbanistique; elle a, comme d’autres, débordé de son cadre et cela très vite, trop assurément. La première piétonnisation d’un centre historique est le fait de… Lucerne en 1959! Vevey et Yverdon, avec leur tissu médiéval, dense et aux rues étroites (l’échelle encore et toujours) ont des rues piétonnes. Moudon, Morges et Payerne, villes également d’origine médiévale, développent une réflexion sur la question. Une ville alémanique offre un contexte urbanistique proche de Bulle: Sursee (LU). Le centre historique y est bien préservé, délimité et typé, et sa périphérie présente un fort développement urbain récent. Là-bas comme à Bulle, la rue principale a été requalifiée et voit cohabiter piétons, voitures et commerces.

Délaissons le domaine du politique pour celui du vécu individuel et collectif d’usager de l’espace public. Avec une pensée: que nous apporte la Grand-Rue? Arpentez-la de jour et de nuit, en semaine et le week-end. Et à différentes heures! Faites-en l’expérience spatiale et sociale. En aval de ce vécu personnel, «l’intérêt général» serait que Bullois et Bulloises fassent connaître leurs points de vue sans partis pris. I

* Archéologue du territoire et chargé de cours à l’EIA-FR

> NB: les citations entre guillemets sont tirées de la presse. > Cette série est réalisée en partenariat avec la Bibliothèque cantonale universitaire (BCU), qui a puisé dans ses collections les photos anciennes publiées ici. Une partie des fonds photographiques de la BCU (en. 20 000 images) est accessible sur le site: www.fr.ch/bcu/n/photos

 

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