Louis Ruffieux
30 novembre 2014 à 19:07
L’année politique avait commencé par une bombe sortie des urnes: l’acceptation de l’initiative «contre l’immigration de masse». Elle s’achève dans l’apaisement avec le rejet hier, dans un élan à l’ampleur inattendue, de l’initiative Ecopop. Le verdict de novembre calme l’incendie de février, mais ne l’éteint pas. Au moins peut-on l’interpréter comme un pas de réconciliation entre le peuple et la quasi-totalité du monde politique qui invitait au refus d’Ecopop.
La potion prescrite par l’initiative «Halte à la surpopulation…» pour calmer la fièvre démographique et préserver les ressources naturelles aurait eu des effets secondaires particulièrement douloureux. A une récession économique programmée se seraient greffées de sérieuses entraves au fonctionnement des services publics - en particulier les hôpitaux et les établissements médico-sociaux. Qui, hormis quelques apôtres de la décroissance prêts à de lourds renoncements personnels, aurait voulu cela? Même dans les communes comme Bulle, où le développement accéléré suscite la grogne, Ecopop a été sèchement repoussée.
Des optimistes en nombre lisaient hier, dans ce refus, la réalisation de leur rêve d’un gommage de la votation du 9 février. Le peuple aurait ainsi, huit mois et demi plus tard, plébiscité la voie des relations bilatérales avec l’Union européenne. Mollo les ténors! Le retour à un système de contingents pour la main-d’œuvre étrangère et le principe de la préférence nationale restent inscrits dans la Constitution. Seule l’acceptation d’une initiative de «rattrapage», dont l’idée est dans l’air, pourrait rétablir le statu quo ante. Pour l’heure, le Conseil fédéral et la diplomatie explorent le goulet permettant l’éventuelle rencontre entre les exigences européennes de la libre circulation et celles, restrictives, du peuple suisse.
Dans cet exercice de spéléologie, le balayage d’Ecopop apporte un peu d’air. Bon à prendre, à la veille d’une année électorale fédérale qui, sans cela, aurait pu être étouffante.
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