Patrice Blanc, Riaz
Aujourd’hui à 11:47
Selon Arthur Schopenhauer, qui était plus laid encore que Socrate ou Sartre, «le seul bonheur est de ne pas naître». Fort heureusement, nombreux sont ceux qui ne partagent pas cette pensée. Si vous soupesez vos joies et vos peines, il est possible que ces dernières pèsent fortement sur votre désir de vivre. Bien sûr, les dépressifs approuveront Schopenhauer. Mais une phase dépressive peut engendrer une sérénité nouvelle, de sorte que l’idée de suicide s’avérerait passagère et apparaîtra ultérieurement comme une grande faiblesse à laquelle on se félicitera de ne pas avoir cédé. Tiré du livre de Job (17.12), post tenebras lux, après les ténèbres la lumière, illustre cet aspect.
Les milliards de spermatozoïdes qui n’ont pas atteint le «sein des seins», soit l’ovule, ont-ils connu «le seul bonheur» de Schopenhauer? Ils n’ont apparemment point connu de peines, mais hélas de joies non plus. Quel peut être le prix d’une joie? La joie intérieure réside au plus intime de l’âme. On peut aussi bien la posséder dans une sombre prison que dans un palais.
La satisfaction d’avoir vécu au mieux de sa conscience permet de mourir dans la sérénité. Toutefois notre mémoire peut nous trahir. N’avons-nous pas blessé moult âmes sensibles sans peut-être nous en rendre compte? Repassez certains épisodes de votre vie. Etes-vous au-dessus de tout soupçon de méchanceté? Votre générosité est-elle à louer? Vos combats, les avez-vous menés, tel Rodrigue, avec du cœur? La comparaison peut être maladroite. On ne peut justifier de mettre du cœur à la guerre, car c’est ainsi qu’opèrent les terroristes.