Guilhem Lavignotte, organiste, Lausanne
31 janvier 2024 à 14:55
Lorsque j’étais enfant, j’étais saisi par la beauté du chant du muezzin, pleine d’harmoniques envoûtantes. Le chrétien que j’étais trouvait que mes amis musulmans avaient de la chance d’être appelés ainsi à la prière. Quand les attentats du 11 septembre 2001 eurent lieu, j’avais 21 ans. Lorsque j’ai vu une propagande politico-religieuse empoisonnée déferler sur le monde, j’ai compris que les uns étaient jetés contre les autres et que le terrorisme et l’intégrisme, au lieu de se réduire, allaient pulluler.
Ce jour-là, j’ai compris que le chant du muezzin nous serait volé et j’ai fait le serment de refuser ce rapt. Il sera toujours dans mon cœur ce qu’il est depuis que je suis né: cet appel à la prière qui ne dit pas autre chose que Dieu est le plus grand. C’est ce que disent les chrétiens par cette locution chère à Jean-Sébastien Bach: «Soli Deo gloria.» Il s’agit du même Dieu et de la même prière. Il est inacceptable qu’en 2024, dans un Occident soi-disant civilisé, on ait pu imaginer qu’une œuvre d’art puisse être amputée. Je suis choqué qu’en cédant à une poignée d’intégristes en dehors de nos frontières, l’Eglise catholique romaine de notre pays ait eu la tentation de s’abaisser à leur niveau en censurant une… messe (LL des 20.1 et 29.1)!
Je salue celles et ceux qui ont fait pression sur elle afin que le diocèse revienne sur sa décision, pour que nous montrions à ces intégristes incultes qu’ils ne sont pas les seuls à pouvoir se mobiliser au nom de valeurs dont ils ne sont pas propriétaires.
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