Léo Ruffieux, Fribourg
6 janvier 2025 à 14:45
«Nshallah séné bayda», «Advienne que pourra, une année blanche». Une expression souvent employée au Levant pour formuler ses vœux. Et pour conjurer, bon an mal an, le noir du deuil. Cette terre n’est que trop dépecée par la guerre, le sectarisme et les convoitises étrangères.
Qui retiendra en 2025 les appels répétés du secrétaire général de l’ONU à respecter l’intégrité et la souveraineté de la Syrie, alors que le nord du pays est amputé par la Turquie et que les troupes américaines occupent la partie orientale en s’appuyant sur une administration estampillée «kurde» dans un espace qui compte l’essentiel des ressources pétrolières et gazières du pays?
Et de s’offusquer qu’au sud, Israël agrandit son emprise coloniale sur le plateau du Joulan (Golan)? Et de s’étonner qu’à Damas, les contorsions pro-occidentales – pluralisme politique, promesses de normalisation avec l’occupant israélien, ouverture à l’économie de marché – du nouveau régime islamiste n’aient pas abouti à la levée des sanctions économiques? Officiellement dirigées contre le régime Assad, mais cyniquement prolongées par les USA, la veille de Noël et pour cinq ans, ces sanctions chantage («loi César») ont des effets désastreux pour le redressement économique, l’acheminement humanitaire et une population syrienne sortie exsangue de treize ans de conflit.
Au Liban, Israël continue de violer, dans l’indifférence générale, le cessez-le-feu signé à fin novembre, en dynamitant des villages et en entravant le retour des déplacés. Et nul besoin de rappeler ici l’ignominie infligée quotidiennement par cet Etat et ses soutiens à la population de Gaza.
Puisse l’année blanche arriver… un jour!