Turquie. "Cinq morts et 22 blessés" dans une attaque "terroriste" à Ankara
Un attentat a fait cinq morts et 22 blessés mercredi devant le siège des industries de défense de Turquie, près d'Ankara, selon les bilans des autorités. Le ministre de l'Intérieur a désigné le PKK, en lutte contre le gouvernement, comme responsable "très probable".
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ATS, BLG et AFP
23 octobre 2024 à 16:46, mis à jour à 21:12
"Le processus identification et la recherche d'empreintes digitales se poursuivent et nous dirons quelle organisation terroriste est à l'origine de l'attentat (..). La manière dont cette action a été menée est très probablement liée au PKK", le parti des travailleurs du Kurdistan, a déclaré Ali Yerlikaya, qui a relevé le bilan à cinq morts et 22 blessés.
De son côté, le ministre de la Défense Yasar Guler a également évoqué la responsabilité possible du PKK: "Comme ils le font toujours, ils ont tenté de troubler la paix de notre nation en menant une attaque ignoble et déshonorante".
"Nous infligeons toujours à ces scélérats du PKK le châtiment qu'ils méritent, mais ils ne reviennent jamais à la raison. Nous ne renoncerons pas à les poursuivre jusqu'à ce que le dernier terroriste soit éliminé, et nous les ferons souffrir pour ce qu'ils ont fait" a-t-il assuré.
Erdogan menace
Dénonçant une "attaque ignoble" visant "l'une des locomotives de l'industrie de défense turque", le président Recep Tayyip Erdogan a promis de "briser ceux qui tendent des mains sales à la Turquie".
"Aucune structure, aucune organisation terroriste, aucun foyer malfaisant visant notre sécurité ne pourra atteindre ses objectifs. Notre lutte contre toutes les menaces terroristes se poursuivra avec détermination" a-t-il ajouté sur X.
Le chef de l'Etat se trouvait à Kazan, en Russie. A ses côtés, son homologue russe Vladimir Poutine lui a exprimé ses condoléances et a "condamné tout acte de ce genre, quelles que soient ses motivations".
Opération pas revendiquée
L'opération n'a pas encore été revendiquée. Le ministère de la Justice a annoncé l'ouverture d'une enquête.
La chaine de télévision privée NTV a évoqué une attaque-suicide qui n'a pas été confirmée, assurant qu'un "groupe de terroristes" avait fait irruption devant l'entrée des bâtiments avant que l'un d'eux se fasse "exploser". L'explosion, selon les médias, a été suivie d'échanges de tirs pendant plus d'une heure.
Le journal Sabah a publié sur son compte X une photo tirée des caméras de surveillance à l'entrée du bâtiment montrant un jeune homme entièrement vêtu de noir, portant un sac à dos et apparemment muni d'un fusil d'assaut, affirmant: "Voici un des terroristes qui ont attaqué #TUSAS".
Des images télévisées ont montré d'importantes flammes suivies d'une fumée blanche devant l'entrée du site, avant de devoir renoncer aux directes sur ordre de la RTürk, l'organe située à une quarantaine de km de la capitale.
Otan "au côté de la Turquie"
De nombreuses condamnations ont afflué de la part des soutiens d'Ankara, dont celle de Mark Rutte, secrétaire général de l'Otan, dont la Turquie est membre, qui a indiqué "se tenir au côté de notre allié, la Turquie".
De même la délégation européenne à Ankara qui se dit "très choquée et attristée" et, à l'instar de l'ambassadrice de France, Isabelle Dumont, exprime sa "solidarité avec les autorités turques" et présente ses condoléances aux familles des victimes. L'Allemagne a condamné une "épouvantable attaque terroriste".
Au plan intérieur, le chef de l'opposition turque, Özgür Özel, président du CHP, a condamné "l'attaque terroriste" en précisant "condamner le terrorisme, peu importe de qui et d'où il vient".
Condamnant lui aussi l'opération, le principal parti pro-kurde, le Dem (ex-HDP), troisième force au parlement, a surtout jugé "significatif" qu'elle survienne "alors que la société turque discute de solutions pour que la possibilité d'un dialogue émerge" avec les combattants kurdes.
Dissoudre le PKK
Mardi, le président du MHP (nationaliste) Devlet Bahçeli, principal allié du parti AKP de M. Erdogan, a invité le chef du Parti des Travailleurs du Kurdistan (PKK) Abdullah Öcalan, en prison depuis 1999, à s'exprimer devant le Parlement pour annoncer la dissolution de son parti, considéré comme un mouvement "terroriste" par Ankara et ses alliés.
Le PKK, en lutte armée contre le gouvernement, avait perpétré une attaque à Ankara devant un commissariat de police en octobre 2023, qui avait fait deux morts (les assaillants) et blessé deux policiers.
80% des revenus à l'exportation
Le secteur de la défense de la Turquie, dont les célèbres drones Bayraktar, a représenté près de 80% des revenus à l'exportation du pays et 10,2 milliards de dollars pour l'année 2023. Sur les huit premiers mois de 2024, les revenus d'exportation des industries de défense ont atteint 3,7 milliards de dollars, en hausse de 9,8% comparé à la même période l'an dernier.
Un important salon des industries de défense et aérospatiales se tient cette semaine à Istanbul, en présence du PDG des Industries de Défense, auquel s'est rendu notamment le ministre ukrainien des Affaires étrangères, Andriï Sybiga.