Ukraine. Kiev aurait tiré sur la Russie avec des missiles US longue portée
La Russie a affirmé mardi que l’Ukraine avait attaqué, dans la nuit, son territoire avec des missiles de longue portée américains. Moscou a, de nouveau, évoqué le recours à l’arme nucléaire dans le cas de tels tirs.
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ATS et AFP
Aujourd’hui à 14:55, mis à jour à 16:37
Cette affirmation intervient quelques jours après le feu vert de Washington à Kiev pour frapper le sol russe avec ces missiles ATACMS, ce que Moscou avait présenté comme une ligne rouge.
«A 03 h 25, l’ennemi a frappé un site de la région de Briansk», non loin de la frontière ukrainienne, avec des «missiles tactiques ATACMS», selon le ministère russe de la Défense. Ce dernier précise que des installations militaires étaient visées. Cinq missiles auraient été détruits et un autre endommagé par la défense antiaérienne russe.
Interrogées par l’AFP, les autorités ukrainiennes n’ont pour le moment pas réagi. L’Ukraine réclamait depuis de longs mois de pouvoir frapper «en profondeur» des cibles militaires en territoire russe pour dérégler la logistique de l’armée russe qui bombarde quotidiennement ses infrastructures et ses villes, causant la mort de nombreux civils.
Recours à l’arme atomique
Vladimir Poutine a quant à lui réagi mardi en signant le décret officialisant sa nouvelle doctrine nucléaire qui élargit la possibilité du recours à l’arme atomique en cas d’assaut aérien «massif» par un pays non nucléaire mais soutenu par une puissance nucléaire. Des références claires à l’Ukraine et aux Etats-Unis.
«Il était nécessaire d’adapter nos fondements (de la doctrine nucléaire) à la situation actuelle», a froidement relevé Dmitri Peskov, le porte-parole du Kremlin.
En septembre, Vladimir Poutine, qui réclame la reddition de l’Ukraine, avait prévenu que si ce pays frappait le territoire russe avec des missiles de plus longue portée occidentaux, cela signifierait que «les pays de l’Otan sont en guerre contre la Russie».
L’après-Poutine évoqué
Après 1000 jours d’un conflit qui a fait des dizaines voire des centaines de milliers de morts au total, Kiev ne compte pas céder même si les militaires russes sont désormais appuyés par des milliers de soldats nord-coréens et malgré l’incertitude sur la pérennité du soutien américain avec le retour prochain de Donald Trump à la Maison Blanche.
Face au Parlement ukrainien, Volodymyr Zelensky a estimé que l’issue se déciderait en 2025. «Dans les moments décisifs, qui arriveront l’année prochaine, nous ne devons permettre à personne dans le monde de douter de la résilience de notre Etat tout entier. Et cette étape déterminera qui l’emportera», a-t-il dit.
«L’Ukraine peut vaincre la Russie», même si «c’est très difficile», a-t-il souligné. Mais le M. Zelensky a reconnu que l’Ukraine pourrait devoir attendre l’après-Poutine pour «rétablir» son intégrité territoriale, les Russes occupant près de 20% de sa superficie.
C’est la première fois qu’il admet ainsi que son pays devra «peut-être» accepter, pendant un temps, la perte de zones occupées par la Russie. Plus tôt, la diplomatie ukrainienne avait affirmé que l’Ukraine ne se soumettrait «jamais» à la Russie, tandis que le Kremlin répétait qu’il vaincrait sur le front.
Promesses européennes
En outre, la Russie multiplie ses frappes de missiles et de drones sur les villes et les infrastructures ukrainiennes, tuant de nombreux civils et plongeant régulièrement la population dans le noir et le froid.
Une frappe russe a provoqué la mort dans la nuit de lundi à mardi de dix personnes, dont un enfant, dans la région de Soumy (nord-est), selon un dernier bilan.
Parallèlement, le retour de Donald Trump laisse craindre à l’Ukraine et aux Européens que celui-ci ne force Kiev à des concessions, offrant une victoire militaire et géopolitique à Vladimir Poutine.
La Pologne et d’autres Etats européens ont donc dit vouloir assurer la défense européenne et celle de l’Ukraine en cas de retrait américain.
«Les principaux pays de l’UE sont prêts à assumer la charge du soutien militaire et financier à l’Ukraine dans le contexte d’une éventuelle réduction de l’engagement des Etats-Unis», a affirmé le chef de la diplomatie polonais Radoslaw Sikorski, après une réunion à Varsovie avec ses homologues français, allemand, italien, espagnol et britannique.