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Automobile. Mercedes-Benz taille dans ses coûts et s'attend à une année morose

Après Volkswagen, Mercedes-Benz a dévoilé jeudi un plan d'économies de plusieurs milliards d'euros alors que le groupe perd du terrain en Chine et sur le marché des véhicules électriques au point de prédire une année 2025 encore plus mauvaise que 2024.

Le plan d'économies pourrait inclure des suppressions d'emplois, avec des programmes de départs volontaires et de pré-retraites (archives).KEYSTONE/DPA/SEBASTIAN GOLLNOW

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ATS, AWP et AFP

20 février 2025 à 14:36, mis à jour à 14:43

Temps de lecture : 3 min

Le constructeur allemand a annoncé prévoir de réduire ses coûts de production de 10% d'ici 2027.

Le groupe de Stuttgart compte réduire la production dans ses usines, de 2,5 millions de voitures en 2024, à entre 2 et 2,2 millions d'ici 2027.

Le plan ne prévoit pas de fermetures d'usines en Allemagne mais comprend la délocalisation d'une partie de la production allemande en Hongrie "pour tirer parti des coûts, environ 70% inférieurs à ceux en Allemagne", indique un communiqué.

Suppressions d'emplois

Pour le constructeurs de luxueuses berlines, il s'agit d'"intensifier les mesures d'efficacité à tous les niveaux" face à des marchés "difficiles", a déclaré Harald Wilhelm, directeur financier de Mercedes-Benz.

Ce plan pourrait inclure des suppressions d'emplois, avec des programmes de départs volontaires et de pré-retraites, a indiqué à l'AFP l'entourage de l'entreprise, qui emploie 166'000 personnes dans le monde, dont la majorité travaillent en Allemagne.

Son concurrent Volkswagen a déjà annoncé en décembre 35'000 suppressions de postes et la délocalisation de la production de son modèle iconique, la Golf, au Mexique.

C'est toute la filière automobile allemande, pilier de l'industrie nationale, qui est dans la tourmente, écrasée par le recul des ventes en Chine et les difficultés du passage à l'électrique.

Mercedes-Benz avait amorcé un programme d'austérité dès 2019 pour réduire ses dépenses de plus de 20%, avec une stratégie privilégiant le haut de gamme.

En novembre dernier, le groupe avait déclaré vouloir réduire ses coûts de "plusieurs milliards d'euros par an" en réponse aux difficultés du marché mondial de l'automobile.

Illustration des difficultés: le bénéfice net annuel a plongé de 28,4% en 2024, à 10,41 milliards d'euros (9,8 milliards de francs au cours du jour), selon les résultats présenté jeudi.

Le cours de l'action du groupe perdait 1,5% vers 12h.

Concurrence chinoise

L'année 2024 a été marquée par une chute des livraisons de véhicules du groupe, de 4%, qui ont eu un impact sur le chiffre d'affaire, en baisse de 4,5%.

Les voitures de luxe de la marque, qui permettent de réaliser les meilleures marges, ont eu moins de succès (-14%), alors que Mercedes-Benz s'était pourtant recentré ces dernières années sur ses véhicules haut de gamme.

En conséquence, le groupe a dégagé une marge de rentabilité des ventes de seulement 8,1% en 2024. Ce ratio ne cesse de se détériorer après avoir atteint 14,6% en 2022 puis 12,6% en 2023.

Et cette rentabilité devrait encore se rétrécir en 2025, à un ratio attendu entre 6 et 8%, d'après le communiqué, qui prévoit une baisse "significative" de son résultat opérationnel pour l'année en cours.

Ces prévisions moroses n'incluent pas la hausse probable des droits de douane promise par Donald Trump à 25% sur les importations européennes, qui devraient affecter les ventes des constructeurs allemands.

Mercedes-Benz possède une usine aux Etats-Unis, où il emploie près de 7% de ses effectifs mondiaux. Mais la moitié des voitures écoulées dans ce pays restent importées, d'après les chiffres du quotidien économique Handelsblatt.

En Chine, où la marque réalise un tiers de ses ventes, ses livraisons ont chuté de 7%. Mercedes-Benz y affronte la concurrence des marques locales de mieux en mieux placées telles que BYD, qui a profité de son côté d'une explosion de ses livraisons mondiales en 2024 (+41%).

Le constructeur pâtit également de l'essoufflement des ventes de voitures électriques, notamment en Allemagne où la demande a chuté en 2024. Ses livraisons mondiales de véhicules 100% électriques ont dégringolé de 23%, à seulement 185.000 unités, soit moins de la moitié des ventes électriques du concurrent BMW.

Face à ces difficultés, le groupe a récemment revu à la baisse son ambition de ne vendre que des véhicules entièrement électriques à partir de 2030, soit cinq ans avant l'interdiction prévue par l'Union européenne.

Le patron de Mercedes, Ola Källenius, à la tête du lobby européen des constructeurs (ACEA), a appelé en janvier l'UE à renoncer aux amendes visant les fabricants ne respectant pas les objectifs de réduction des émissions de CO2 en 2025.