26 mars 2021 à 02:01
Comment se réjouir que la Grèce (par extension l’Europe) soit moins sollicitée puisque le nombre de réfugiés débarquant sur les îles depuis la Turquie a drastiquement chuté cette année (La Liberté du 20 mars)?
De nombreux bateaux de fortune continuent d’affluer sur les côtes grecques. Parfois interceptés en mer, ils sont repoussés en eaux turques avec violence, sous menace armée certaines fois. L’agence Frontex, cofinancée par la Suisse, y contribue.
De rares migrants parviennent à poser les pieds en «terre promise», soulagés d’avoir pu gagner le continent des droits humains. Pour être aussitôt repérés, arrêtés, battus et dévalisés par la police grecque souvent, avant d’être replacés sur des bateaux pneumatiques en direction de la Turquie. Qu’il s’agisse d’hommes, de femmes (parfois enceintes), d’enfants ou de nourrissons n’a aucune importance.
L’ONG norvégienne Aegean Boat Report documente avec précision ces infractions au droit international. Photos à l’appui, nous avons vu une personne tétraplégique être treuillée afin d’être déposée sur un pneumatique qui sera remis à la mer. Il y a quelques jours, des migrants ayant accosté à Chios ont été menottés avant d’être jetés à l’eau, sans gilet ni canot de sauvetage. Les garde-côtes turcs n’ont pu que constater le décès de trois d’entre eux… Des corps sont portés disparus.
C’est à ce prix que se mesure l’efficacité de l’accord passé entre l’Union européenne et la Turquie, et dont on célèbre ce mois-ci le cinquième anniversaire. C’est le prix que chacun d’entre nous accepte de payer en cautionnant par notre silence les drames toujours plus tragiques en mer Egée…
Mary Wenker, présidente
Choosehumanity, Matran
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