Ukraine. Zelensky maintient son refus de toute trêve "sans garanties"
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky maintient son refus de tout cessez-le-feu avec la Russie sans de "sérieuses" garanties de sécurité, après un sommet dimanche avec les alliés de l'Ukraine à Londres et son altercation avec Donald Trump.
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ATS et AFP
Aujourd’hui à 11:23, mis à jour à 15:41
En écho aux propos du président américain qui a accusé son homologue ukrainien de ne pas être "prêt pour la paix", le Kremlin, qui avait ordonné en février 2022 l'invasion de l'Ukraine, a assuré qu'il faut "forcer Zelensky" car "il ne veut pas la paix". "Si les Européens le font, honneur et gloire à eux", a ajouté Moscou, avant un sommet à Bruxelles jeudi consacré à l'Ukraine et à la sécurité européenne.
L'altercation vendredi entre Volodymyr Zelensky, Donald Trump et son vice-président JD Vance à la Maison Blanche avait tourné autour des garanties de sécurité réclamées par l'Ukraine avant de signer un accord sur l'accès des Etats-Unis aux minerais ukrainiens.
"Un échec"
Quant aux alliés européens de Kiev, le président français Emmanuel Macron a évoqué l'idée dimanche d'une première trêve d'un mois "dans les airs, sur les mers et les infrastructures énergétiques", une initiative sur laquelle Londres a aussitôt souligné qu'il n'y avait "pas d'accord" à ce stade.
Mais "ce sera un échec pour tout le monde si l'Ukraine est forcée à un cessez-le-feu sans de sérieuses garanties de sécurité", a souligné Volodymyr Zelensky dans la nuit de dimanche à lundi devant la presse à Londres.
"Imaginons qu'une semaine après, les Russes recommencent à nous tuer et que nous ripostions, ce qui serait totalement compréhensible. Qu'est-ce qui se passera ?", a-t-il ajouté. Il a pris pour exemple les cessez-le-feu successifs déclarés dans le cadre des accords dits de Minsk dans l'est de l'Ukraine entre 2015 et l'invasion russe de février 2022.
"Les Russes diront la même chose qu'il y a dix ans, que ce sont les Ukrainiens qui ont violé le cessez-le-feu. Nous fournirons la preuve que c'était eux. Et qui bénéficiera de cela ? Les Russes et absolument pas nous, pas les Etats-Unis, pas le président américain, ni nos collègues européens", a ajouté M. Zelensky.
"Pas facile" à remplacer
Par ailleurs, il a estimé qu'il ne sera "pas si facile" de le remplacer à la tête de l'Etat ukrainien, à moins de l'"empêcher d'être candidat" à de nouvelles élections.
Donald Trump a accusé la semaine dernière M. Zelensky d'être un "dictateur sans élection", au motif que la présidentielle de 2024 avait été ajournée en raison de la guerre. Son conseiller à la sécurité nationale, Mike Waltz, est revenu à la charge dimanche en suggérant que la personne de M. Zelensky pourrait être le "vrai problème" s'il ne se soumettait pas à la vision de Washington.
Volodymyr Zelensky a rappelé avoir déjà offert sa démission en échange d'une adhésion de l'Ukraine à l'Otan et de la paix, qui signifieraient qu'il a "accompli (sa) mission". Les Ukrainiens peuvent "oublier" l'idée d'une adhésion à l'Otan, avait lancé Donald Trump la semaine dernière, avant même d'accueillir Volodymyr Zelensky à la Maison Blanche.
"Interrogatoire" communiste
Icône de la lutte contre le régime communiste, l'ancien président polonais Lech Walesa a fait part de son "effroi et dégoût" après l'altercation de la Maison blanche, dont l'ambiance rappelle selon lui celle "des interrogatoires menés par les services de sécurité et celle des salles des tribunaux communistes".
"Nous sommes choqués que vous ayez traité le président Volodymyr Zelensky de la même manière", a déclaré le prix Nobel de la paix 1983 dans une lettre ouverte à Donald Trump, cosignée par une quarantaine d'anciens prisonniers politiques de l'époque communiste en Pologne.
Quant à la gratitude, plus qu'aux Etats-Unis elle est due "aux héroïques soldats ukrainiens qui ont versé leur sang pour défendre les valeurs du monde libre", a souligné l'ex-syndicaliste des chantiers navals de Gdansk.
Risque de guerre
A Paris, le chef de la diplomatie française Jean-Noël Barrot a de son côté souligné que, plus de 35 ans après la chute des régimes communistes soutenus par Moscou en Europe, "jamais le risque d'une guerre sur le continent européen, dans l'Union européenne, n'a été aussi élevé".
"Pour mettre fin à la guerre d'agression russe en Ukraine, nous voulons que les Etats-Unis, par la pression, puissent faire venir Vladimir Poutine à la table des négociations et accepter de mettre fin une bonne fois pour toutes à ses ambitions impérialistes", a-t-il ajouté sur France Inter.
Missile balistique
Sur le terrain, la guerre lancée par la Russie continue de semer la mort et la dévastation. Le commandant en chef des armées ukrainiennes, Oleksandre Syrsky, a indiqué lundi qu'"un missile balistique Iskander-M avec munitions à fragmentation" avait frappé samedi un centre d'entraînement de l'armée de terre dans la région de Dnipropetrovsk, à plus de 100 km de la ligne de front.
Il a fait état "de morts et de blessés". Selon un blogueur militaire ukrainien, entre 30 et 40 soldats ont été tués et jusqu'à 90 ont été blessés.
Les forces russes ont toutefois moins progressé en février que les mois précédents, selon l'analyse par l'AFP des données fournies par l'Institut américain pour l'étude de la guerre (ISW). Elles ont pris 389 km2, après un gain de 431 km2 en janvier, 476 km2 en décembre 2024 et un pic à 725 km2 en novembre, dans la foulée d'importants mouvements russes sur la ligne de front depuis l'été 2024.
L'armée russe poursuit son avancée autour de Pokrovsk, noeud logistique dans la région de Donetsk, contournant la ville par le sud.