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Le passé recomposé

Le changement c’est maintenant

Le passé recomposé • Le château et l’église de Châtel ne bougent pas, contrairement au reste de la ville qui déborde de son chaudron originel.

Le cœur historique de Châtel-Saint-Denis a peu changé en un petit siècle.

Jean-Pierre Dewarrat*

Jean-Pierre Dewarrat*

25 février 2014 à 04:10

 Le coeur historique de Châtel-Saint-Denis a peu changé en un petit siècle.
Le coeur historique de Châtel-Saint-Denis a peu changé en un petit siècle.

Nulle part ailleurs dans les chefs-lieux des districts du canton trouve-t-on semblable situation topographique, un château, trapu, tel un gros chat tapi au sol, et une église, hors d’échelle et tendue vers le ciel, dominant aussi puissamment une (petite) communauté urbaine, qu’à Châtel Saint-Denis. A Bulle, chez la grande et proche voisine, le château est situé à l’opposé de l’église, en pleine ville, et il est d’un tout autre modèle architectural, le carré savoyard. A Romont, une rue sépare le château musée et la Collégiale et la ville médiévale est tout entière construite sur la colline.

Quant à Estavayer-le-Lac, l’ensemble castral fait partie intégrante de la cité et la combinaison brique et douves rend vaine toute comparaison. Le contexte châtelois est unique au plan cantonal mais très classique, celui de deux pouvoirs, temporel et spirituel, qui se mettent en scène et se défient en parallèle, alliés pour dominer la campagne alentour. En ce début de XXIesiècle, il faut parler au passé quant à l’impact de cette configuration spatiale héritée du Moyen Age. La Révolution de 1798 est passée par là, la révolution territoriale (démographique et urbaine) des 30 dernières années a pris le relais. Eglise et Etat sont séparés et le «locataire» du château est élu par le peuple. Reste une image structurante, fortement ancrée dans le paysage local. Les deux édifices se détachent nettement du reste; ce sont des invariants du lieu, ils lui confèrent un caractère unique: on est à Châtel et ici l’expression «monter au château» (préfecture, gendarmerie, services de l’administration) garde toute sa saveur…

Edifié en parallèle de la ville nouvelle dès 1297, le châteauavait primitivement un donjon (détruit) et, à l’opposé, deux tourelles, à l’extrémité du jardin. Siège du bailli, il est aujourd’hui celui de la préfecture de la Veveyse. L’actuelle église, une quasi-cathédrale, a été bâtie sur les plans de l’architecte A.Fraisse entre 1872 et 1875.

La composition graphique du cliché est classique: moitié terre, moitié ciel sur lequel se détache la flèche de l’église. Le premier plan, horizontal et allongé, appartient au noyau historique dont il constitue la partie haute de la Grand-Rue (Le Bourg). Certains édifices ont été démolis, d’autres ont subi des transformations plus ou moins heureuses, mais le faciès n’a guère changé. En bas, un second front de maisons s’est installé sur le crêt surplombant l’ancien canal des Moulins (qui a donné naissance à la zone industrielle bordant la Veveyse). Le second plan, avec église, château et coteau herbeux, n’a guère changé non plus. A Châtel, «le changement c’est maintenant» et il n’est pas tant dans le cadre de l’image (datée des années 20 du siècle passé) que dans le développement urbain de tout ce qui entoure le noyau historique de la petite ville. Il est sur les façades des édifices et dans la tête des gens. Alors que l’ancien Fribourg rural est nostalgiquement mis en scène sur les bois sculptés du Café du Tivoli, la petite ville, en pleine mue, ressemble dès lors à tant d’autres petites villes de même échelle. A l’exception flagrante de l’église et du château!

* archéologue du territoire et chargé de cours à l’EIA-FR

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