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Syrie. Face aux rebelles, l'armée syrienne lance une contre-offensive

L'armée syrienne a lancé mercredi une contre-offensive pour repousser les rebelles menés par des islamistes radicaux qui sont arrivés aux abords de la grande ville de Hama, dans le centre de la Syrie, après une offensive fulgurante depuis le nord.

Des combattants de l'opposition syrienne sur un véhicule blindé saisi à la périphérie de Hama, où l'armée a lancé une contre-offensive. (archives)KEYSTONE/AP/Ghaith Alsayed

ATS
AFP

ATS et AFP

Aujourd’hui à 10:12, mis à jour à 18:02

Temps de lecture : 1 min

Les combats et les bombardements, qui ont fait 704 morts en une semaine, dont 110 civils, selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), sont les premiers de cette ampleur depuis 2020 en Syrie, où une guerre dévastatrice avait éclaté en 2011. Ils ont fait "de nombreuses victimes civiles", selon l'ONU.

Après s'être emparés de dizaines de localités et de la majeure partie d'Alep, la deuxième ville de Syrie, les rebelles sont arrivés mardi, selon cette ONG, "aux portes" de Hama, une ville stratégique pour l'armée car sa protection est essentielle pour celle de la capitale Damas, située à environ 200 kilomètres plus au sud.

"La nuit dernière, les bruits étaient terrifiants et on entendait clairement les bombardements incessants", a témoigné Wassim, un chauffeur de 36 ans qui habite Hama, joint par l'AFP. "Nous sommes fatigués, nous sommes sur les nerfs depuis quatre jours", a-t-il ajouté.

"Je suis les nouvelles jour et nuit, je ne lâche pas mon téléphone", a confié une étudiante de 22 ans, qui a quitté son université à Damas pour rejoindre sa famille à Hama quand l'offensive a commencé.

Fuite des civils

Après avoir lancé mardi "après minuit" une contre-offensive, appuyée par l'aviation, les forces gouvernementales ont "sécurisé l'entrée nord-est de Hama" et pris le contrôle de plusieurs villages, a annoncé mercredi l'OSDH, qui a signalé des combats ailleurs dans la province.

Les forces gouvernementales ont envoyé de "grands convois militaires" vers Hama et ses environs au cours des dernières 24 heures, a ajouté l'ONG basée au Royaume-Uni, qui dispose d'un vaste réseau de sources en Syrie.

Mercredi, des "combats féroces" opposaient l'armée, appuyée par des avions syriens et russes, aux rebelles dans le nord de la province de Hama, selon une source militaire citée par l'agence officielle Sana.

L'agence allemande DPA a annoncé la mort d'un de ses photographes, Anas Alkharboutli, tué dans une frappe aérienne près de Hama.

A Sourane, à une vingtaine de kilomètres au nord de la ville, des images de l'AFP ont montré des civils fuyant, entassés dans des camions et des remorques, pendant que des combattants rebelles, brandissant leurs armes, patrouillaient à bord de pick-up.

Hama a été le théâtre d'un massacre perpétré en 1982 par l'armée sous le règne du père du président Bachar al-Assad qui réprimait une insurrection des Frères musulmans.

C'est aussi dans cette ville que se sont déroulées certaines des plus grandes manifestations au début du soulèvement prodémocratie de 2011, dont la répression a déclenché la guerre civile.

Plus de 110'000 déplacés

Le coordinateur humanitaire régional adjoint de l'ONU pour la Syrie, David Carden, a indiqué à l'AFP que plus de 115'000 personnes avaient été déplacées par une semaine de combats.

Les autorités kurdes qui contrôlent des régions du nord-est de la Syrie ont lancé mercredi un appel "urgent" à l'aide humanitaire face à l'arrivée d'un "grand nombre" de déplacés.

A Alep, tenue par des rebelles armés, un étudiant en médecine a raconté mardi à l'AFP que le personnel de son hôpital était "largement absent, avec des services fonctionnant à la moitié de leur capacité". "Nous tentons de répondre aux urgences, nous économisons le matériel", a-t-il témoigné en refusant de donner son nom.

Avancée rapide

La Russie et l'Iran, les principaux alliés de Damas, ainsi que la Turquie, un soutien majeur des rebelles, sont en "contact étroit" pour stabiliser la situation, a annoncé mercredi la diplomatie russe.

Le pays, meurtri par la guerre civile qui a fait un demi-million de morts, est à présent morcelé en plusieurs zones d'influence, où les belligérants sont soutenus par différentes puissances étrangères.

Alors qu'un calme relatif se maintenait depuis 2020 dans le nord-ouest, une coalition de rebelles dominée par le groupe islamiste radical Hayat Tahrir al-Sham (HTS), l'ex-branche syrienne d'Al-Qaïda, a lancé le 27 novembre une offensive éclair dans cette région.

En quelques jours, les rebelles se sont emparés de vastes pans du nord de la Syrie et d'une grande partie d'Alep, qui échappe totalement au contrôle de Damas pour la première fois depuis le début de la guerre civile, infligeant un lourd revers au régime de Bachar al-Assad.

Le chef de HTS, Abou Mohammad al-Jolani, s'est rendu mercredi à la citadelle d'Alep, selon la chaîne Telegram de cette coalition. Des images le montrent saluer des partisans depuis une voiture.

Le président syrien a annoncé de son côté augmenter de 50% la solde des militaires de carrière.

Avec l'appui militaire de la Russie, de l'Iran et du mouvement libanais pro-iranien Hezbollah, le régime avait repris en 2015 une grande partie du pays et en 2016 la totalité d'Alep, dont la partie est était aux mains des rebelles depuis 2012.

Pour Rim Turkmani, chercheuse à la London School of Economics, l'avancée rapide des rebelles ne signifie pas toutefois qu'ils auront la capacité de conserver les territoires qu'ils ont pris. "Je pense qu'ils vont s'apercevoir très rapidement qu'il est au-delà de leurs capacités de garder ces régions et, plus important encore, de les gouverner", a-t-elle dit à l'AFP.

Le secrétaire d'Etat américain Antony Blinken a lui mis en garde contre une résurgence du groupe Etat islamique (EI) en Syrie, où cette formation jihadiste avait autoproclamé un "califat" en 2014, à cheval sur l'Irak, avant d'être défait plusieurs années plus tard.