31 mars 2023 à 04:01
A la suite de l’Opinion de M. Louis Ruffieux (27.3), je rappelle que c’est aussi au début des années 1980 que Ferdinand Masset balaya d’un revers de manche le recours déposé par les pêcheurs de la Broye fribourgeoise contre un endiguement illicite de la Petite-Glâne à Montet. Rivière défigurée à jamais par des agressions humaines.
Bien avant cela, dans les années 1940, des amoureux de nature sauvage décelaient avant tout le monde la richesse inestimable d’une étendue de roseaux située sur la rive sud du lac de Neuchâtel. En toute légalité, ils construisirent des baraques dans le respect de la nature environnante. Ces constructions discrètes n’ont jamais été source de dérangement pour la faune.
Pour preuve, le nombre d’oiseaux d’eau recensés annuellement est passé de 10 000 dans les années 1960 à près de 100 000 en moyenne aujourd’hui. La Grande Cariçaie n’est pas une zone marécageuse naturelle, elle est la conséquence de la 2e correction des eaux du Jura. En cela, elle subit un inexorable atterrissement qui modifie naturellement son état.
Pour tenter de ralentir ce processus, on a créé un «groupe de gestion». Plus question de laisser la nature suivre son cours. On va faucher, creuser, interdire, expulser. S’approprier. Au nom de quoi, de qui? D’une course contre la montre, un combat d’arrière-garde, un chant du cygne.
Un mauvais signe, asséné à coups d’engins à chenilles gigantesques, suintant l’huile de vidange, vrombissant dans une nature incrédule devant cet acharnement thérapeutique. Une nature transformée en place de jeux pour une poignée de fanatiques aveuglés par leur angoisse d’un monde perdu.
Dominique Gutknecht, (non-propriétaire de chalet), Estavayer-le-Lac
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