Politique. La Corée du Sud se dit "entièrement prête" face à Pyongyang
L'armée sud-coréenne s'est déclarée lundi "entièrement prête", après que la Corée du Nord, exaspérée par des largages de tracts par des drones sur Pyongyang, a ordonné à des troupes de se tenir prêtes à ouvrir le feu.
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ATS et AFP
14 octobre 2024 à 12:42, mis à jour à 20:38
Pyongyang a prévenu dimanche qu'un drone de plus serait considéré comme "une déclaration de guerre", selon les termes d'un porte-parole du ministère nord-coréen de la Défense cité par l'agence officielle KCNA.
Le régime nord-coréen se plaint de plusieurs survols de drones depuis octobre, qui ont largué sur la capitale des tracts de propagande bourrés de "rumeurs incendiaires et de bêtises" et accuse Séoul d'en être responsable.
Le ministre sud-coréen de la Défense, Kim Yong-hyun, a démenti toute implication, avant une mise au point venue de l'état-major interarmées sud-coréen (JCS) qui a déclaré "ne pas pouvoir confirmer si les allégations nord-coréennes étaient vraies ou non".
Les spéculations locales désignent des groupes de militants de Corée du Sud qui ont l'habitude de diffuser de la propagande et des dollars vers le Nord, généralement par des ballons.
Prêts à ouvrir le feu
La Corée du Nord insiste sur la responsabilité des autorités de Séoul et a indiqué dimanche soir avoir ordonné à huit brigades d'artillerie de "se préparer pleinement à pouvoir ouvrir le feu", et avoir renforcé les postes d'observation aérienne à Pyongyang.
"Notre armée surveille de près la situation et se tient entièrement prête à répondre aux provocations du Nord", a réagi à son tour lundi Lee Seong-joon, un porte-parole de l'état-major interarmées (JCS) lors d'un point presse, reprochant au Nord ses accusations "éhontées".
La Corée du Nord se plaint que des drones ont pénétré l'espace aérien au-dessus de sa capitale à trois reprises depuis le début du mois. Ces survols sont une "provocation impardonnable et malveillante envers notre Etat", a jugé samedi la soeur de Kim Jong Un, Kim Yo Jong, personnalité influente du régime nord-coréen, menaçant d'une "horrible catastrophe" si cela ne cesse pas.
La Russie a de son côté accusé lundi Séoul de mener une "campagne de provocation irréfléchie" en Corée du Nord, et d'alimenter une "escalade des tensions" sur la péninsule.
La Russie et la Corée du Nord ont renforcé leur coopération depuis le début de l'offensive russe en Ukraine en février 2022, au grand dam de la Corée du Sud, qui soutient de son côté l'Ukraine dans son conflit armé avec Moscou et qui a adopté des sanctions à son encontre.
Alors que les deux Corées restent techniquement en guerre, le conflit très meurtrier de 1950 à 1953 ayant débouché sur un armistice et non un traité de paix, le Commandement des Nations unies en Corée, qui supervise l'armistice, a déclaré avoir pris connaissance des accusations nord-coréennes.
"Le commandement enquête actuellement en stricte conformité avec l'accord d'armistice", a-t-il déclaré.
"Créer de l'anxiété"
L'armée sud-coréenne a déclaré lundi que le Nord semblait se préparer à procéder à des explosions sur des routes assurant la liaison vers la Corée du Sud, après que le régime nord-coréen a annoncé vouloir verrouiller la frontière en la rendant impraticable.
Une mesure destinée à "séparer complètement" le territoire de la Corée du Nord du celui du Sud, selon l'Armée populaire de Corée, la force armée du Nord.
Pour M. Lee, porte-parole de l'état-major sud-coréen, ces explosions pourraient avoir lieu dès lundi.
Depuis mai, la Corée du Nord a envoyé au Sud plusieurs milliers de ballons chargés d'ordures, causant des perturbations du trafic aérien, des incendies ou touchant des bâtiments gouvernementaux, en représailles, selon elle, à des ballons diffusant de la propagande envoyés par des militants sud-coréens vers son territoire.
Selon le ministère sud-coréen de l'Unification, les accusations nord-coréennes au sujet des drones s'inscrivent peut-être dans une tentative de Pyongyang pour inciter la population nord-coréenne à resserrer les rangs.
Pyongyang cherche peut-être également une excuse pour "mettre en scène des provocations ou créer de l'anxiété et de la confusion dans notre société", a estimé Koo Byoung-sam, porte-parole du ministère sud-coréen de l'Unification lors d'un point presse.
Il est cependant "plus probable", selon Yang Uk, chercheur à l'institut d'études politiques Asan que les drones aient été lancés par des militants du Sud plutôt que d'être une invention de toute pièce par le Nord.
"Même s'ils montent l'affaire en épingle, cela révèlerait une vulnérabilité significative de leur part dans le ciel", dit-il. Il ajoute que "si la diffusion d'informations par des drones devenait régulière, ce serait un réel problème pour la Corée du Nord" car le pouvoir nord-coréen dépend fortement du contrôle total de l'information pour se maintenir au pouvoir.