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Proche-Orient. Israël a visé des dépôts d'armes du Hezbollah près de Beyrouth

Israël a annoncé jeudi avoir visé des dépôts d'armes du Hezbollah dans les bombardements aériens massifs qui ont frappé la veille la banlieue sud de Beyrouth, fief du Hezbollah. Ces opérations ont lieu alors que se tient à Paris une conférence sur le soutien au Liban.

L'armée israélienne poursuit ses frappes sur le Liban, alors que les appels à un cessez-le-feu se multiplient.KEYSTONE/AP/HUSSEIN MALLA

ATS
AFP

ATS et AFP

Aujourd’hui à 12:14, mis à jour à 12:33

Temps de lecture : 4 min

L'aviation israélienne a mené au total 17 frappes, selon l'agence libanaise Ani, sur ces quartiers, en grande partie désertés par leurs habitants, lors des bombardements les plus intenses dans ce secteur depuis le début de la guerre il y a un mois, qui ont détruit six immeubles.

Poursuivant ses efforts visant à désamorcer l'escalade militaire dans la région, le secrétaire d'Etat américain Antony Blinken est arrivé jeudi au Qatar, le principal pays médiateur dans la guerre entre Israël et le Hamas dans la bande de Gaza.

Après Israël et l'Arabie saoudite, il poursuit sa onzième tournée au Moyen-Orient depuis le début de la guerre. Il avait mis en garde mercredi Israël contre le risque d'une "plus grande escalade", au moment où l'Iran se dit déterminé à riposter en cas d'attaque israélienne après le tir de quelque 200 missiles iraniens contre son territoire le 1er octobre.

"Au coeur de zones peuplées"

Jeudi, l'armée israélienne a annoncé avoir visé dans la banlieue sud de Beyrouth "plusieurs dépôts et des ateliers de fabrication d'armes appartenant au Hezbollah", dans des sites installés "en dessous et à l'intérieur de bâtiments civils dans le coeur de zones peuplées". Des images de l'AFP ont montré une énorme explosion, suivie d'autres plus petites.

L'armée libanaise a annoncé jeudi que trois de ses soldats avaient été tués par des tirs israéliens dans le sud du Liban, où Israël mène depuis le 30 septembre des opérations terrestres contre le Hezbollah.

Israël affirme vouloir neutraliser le mouvement chiite dans ces régions frontalières et permettre le retour dans le nord d'Israël de 60'000 habitants déplacés par les tirs de roquettes incessants depuis un an.

"La ville a tremblé"

L'Ani a fait état d'une nouvelle série d'attaques israéliennes dans le sud, notamment dans les régions de Tyr et Bint Jbeil, d'une frappe de drone sur une voiture sur l'autoroute Beyrouth-Damas à l'est de la capitale libanaise et de combats dans les deux villages frontaliers d'Aïta al-Chaab et Ramia. "Des hélicoptères ennemis ont atterri sur place à cinq reprises" pour évacuer les victimes.

L'agence officielle syrienne Sana a de son côté annoncé tôt jeudi qu'une frappe israélienne avait touché un "immeuble d'habitation" du quartier de Kafr Sousa à Damas.

La veille, Israël avait bombardé au Liban la ville côtière de Tyr, poussant à fuir une partie de ses habitants. "Toute la ville a tremblé", a confié Rana, une habitante qui a refusé de donner son nom de famille, quand ces frappes ont touché "le coeur de Tyr".

Après un an de guerre à Gaza, l'armée israélienne a déplacé le coeur de ses opérations vers le Liban où elle mène depuis le 23 septembre des frappes aériennes visant principalement les bastions du Hezbollah. Le mouvement islamiste, affaibli, continue néanmoins à tirer des roquettes sur le nord d'Israël. Jeudi, il a annoncé avoir tiré sur une base militaire proche de Haïfa et sur la ville de Safed.

Au moins 1552 personnes ont été tuées au Liban depuis le 23 septembre, d'après un décompte de l'AFP basé sur des données officielles. L'ONU a recensé quelque 800'000 déplacés.

Appels au cessez-le-feu

Une conférence internationale s'est ouverte jeudi à Paris pour réunir 500 millions d'euros pour les déplacés dans ce pays plongé dans le chaos, déjà paralysé avant la guerre par une double crise économique et politique. La France a annoncé qu'elle allait débloquer cent millions d'euros et l'Allemagne 96 millions d'euros.

"La guerre doit cesser au plus vite. Il faut un cessez-le-feu au Liban", a lancé le président français Emmanuel Macron en ouvrant la conférence, dans l'optique de "démontrer que le pire n'est pas écrit et permettre aux Libanais de retrouver le contrôle de leur destin".

Le Premier ministre libanais Najib Mikati a de son côté appelé la communauté internationale à "se tenir ensemble et soutenir les efforts pour mettre fin aux agressions en cours et mettre en oeuvre un cessez-le-feu immédiat".

La Suisse, elle, est représentée par le Délégué du Conseil fédéral à l'aide humanitaire, Dominik Stillhart. Interrogé par Keystone-ATS, le Département fédéral des affaires étrangères (DFAE) rappelle que le Conseil fédéral a déjà annoncé le 9 octobre vouloir allouer 7 millions de francs supplémentaires d'aide humanitaire pour répondre aux besoins des populations au Liban et en Syrie. Ces fonds s'ajoutent aux 79 millions que Berne a alloués à des actions humanitaires dans la région en 2024.

S'exprimant au sommet des Brics à Kazan, en Russie, le président iranien Massoud Pezeshkian a déploré l'inefficacité de l'ONU à "éteindre le feu" au Moyen-Orient.