Proche-Orient. Le Hamas menace de reporter la prochaine libération d'otages
Le Hamas a menacé lundi de reporter la prochaine libération d'otages en accusant Israël de violer l'accord de trêve. Cette annonce a poussé le gouvernement de Benjamin Netanyahu à ordonner à son armée de se préparer à "tous les scénarios".
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ATS et AFP
10 février 2025 à 17:32, mis à jour à 22:41
Alors que la trêve risque de voler en éclats, le président américain Donald Trump, premier allié d'Israël, est revenu lui à la charge en affirmant que les Palestiniens n'auraient pas le droit de retourner dans la bande de Gaza dans le cadre de son plan pour cette enclave dont il veut prendre le contrôle.
Ces développements surviennent alors que la prochaine libération d'otages israéliens contre des prisonniers palestiniens était prévue samedi dans le cadre de l'accord de trêve entré en vigueur le 19 janvier après 15 mois de guerre dévastatrice à Gaza.
Les otages avaient été enlevés lors d'une attaque sans précédent contre Israël le 7 octobre 2023 menée par des commandos du Hamas infiltrés depuis la bande de Gaza voisine, où le mouvement islamiste palestinien avait pris le pouvoir en 2007.
Après l'annonce par la branche armée du Hamas du report "jusqu'à nouvel ordre" de la prochaine libération d'otages, le mouvement a ensuite indiqué que "la porte reste ouverte pour que le prochain échange de prisonniers se déroule selon le plan prévu". "Mais une fois que (Israël) se sera acquitté de ses obligations", a-t-il conditionné, en appelant les "médiateurs à faire pression sur Israël".
Le ministre de la Défense israélien, Israël Katz, a dénoncé "une violation totale de l'accord de cessez-le-feu", affirmant que l'armée avait reçu l'ordre "de se préparer à tous les scénarios".
Renforts israéliens
L'armée israélienne a elle annoncé "renforcer la zone" autour de la bande de Gaza assiégée. "Après évaluation de la situation (...) il a été décidé de renforcer fortement la zone avec des troupes supplémentaires pour des missions défensives."
Pour expliquer ses menaces de report, le Hamas a accusé Israël d'avoir tardé à honorer ses engagements à chaque étape du processus, et, dans une référence à trois Palestiniens tués à la veille à Gaza, d'avoir violé le cessez-le-feu.
Le gouvernement israélien a en outre refusé jusqu'à présent que ses négociateurs envoyés à Doha discutent de la deuxième phase de la trêve, comme cela était prévu à partir du 16e jour du début de l'application de l'accord. Samedi, un responsable politique du Hamas, Bassem Naïm, a accusé Israël de mettre "en danger" le cessez-le-feu.
Le jour même, trois otages israéliens, très éprouvés physiquement, ont été libérés lors d'une nouvelle mise en scène orchestrée par le Hamas, en échange de 183 Palestiniens, cinquième échange selon les termes de l'accord conclu sous l'égide des médiateurs qatari, égyptien et américain. Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, a dénoncé des "images choquantes", promettant une nouvelle fois "d'éliminer" le Hamas.
"Profondément perturbantes"
Le Haut-Commissariat de l'ONU aux droits de l'homme a qualifié de "profondément perturbantes" les images d'ex-otages israéliens et d'anciens détenus palestiniens "émaciés".
Depuis le début de la trêve, 16 otages israéliens ont été libérés, en plus de cinq Thaïlandais (hors accord), en échange de 765 prisonniers palestiniens.
L'attaque du Hamas le 7-Octobre a entraîné la mort de 1210 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des données officielles israéliennes. Au total, 251 personnes ont été enlevées ce jour-là. Soixante-treize otages sont toujours retenus à Gaza, dont au moins 34 sont morts selon l'armée.
L'offensive de grande envergure menée par Israël en représailles a fait au moins 48'208 morts, en majorité des civils, à Gaza et provoqué un désastre humanitaire dans le territoire assiégé, selon les données du ministère de la Santé du Hamas, jugées fiables par l'ONU.
La deuxième phase du cessez-le-feu est censée aboutir à la libération de tous les otages et à la fin définitive de la guerre, avant une étape finale dédiée à la reconstruction de Gaza.
"Milliards de dollars"
Recevant la semaine dernière à Washington Benjamin Netanyahu, Donald Trump avait affirmé que les Etats-Unis allaient prendre le "contrôle" de Gaza afin de développer économiquement le territoire rendu inhabitable par la guerre, proposant de déplacer les Gazaouis en Jordanie ou en Egypte.
Ces deux pays, parmi les plus importants bénéficiaires de l'aide américaine, de même que plusieurs Etats arabes et occidentaux ont rejeté cette idée. En revanche, M. Netanyahu l'a qualifiée de "révolutionnaire".
Selon un extrait d'interview diffusé lundi, M. Trump a dit au journaliste de Fox News qui lui demandait si les Palestiniens auraient "le droit au retour" dans Gaza: "non, ils n'en auraient pas car ils auront des logements bien meilleurs".
Et malgré le rejet par le Caire et Amman de sa proposition, le président américain a lancé: "je pense que je pourrais conclure un accord avec la Jordanie (...) et avec l'Egypte. Vous savez, nous leur donnons des milliards et des milliards de dollars par an."
M. Trump doit rencontrer mardi à Washington le roi Abdallah II de Jordanie. De son côté, le chef de la diplomatie américaine Marco Rubio est attendu cette semaine au Moyen-Orient.