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Économie

«Sceptique face à la formule du WEF»

Le conseiller national fribourgeois Gerhard Andrey tire un bilan en demi-teinte du forum de Davos


 Maude Bonvin, Davos

Maude Bonvin, Davos

21 janvier 2023 à 02:01

Forum économique » Le conseiller national et entrepreneur Gerhard Andrey fait partie de la douzaine d’élus fédéraux à s’être rendus au Forum économique mondial (WEF) de Davos. Il livre ses impressions sur place et fait part de son bilan en demi-teinte. Selon lui, la formule de la réunion internationale doit évoluer et sortir des dogmes du marché. L’élu fribourgeois justifie également sa présence dans la station grisonne par le fait qu’il est invité en tant que parlementaire et se voit donc un peu contraint d’y participer et d’y apporter sa vision. Interview.

Pourquoi ce déplacement à Davos?

Gerhard Andrey: Je me suis rendu mardi dans la station grisonne car je fais partie d’un réseau d’entrepreneurs en faveur de l’économie durable. Appelé Swiss Boards for Agenda 2030, ce réseau se réunit chaque année à Davos (l’alliance réunit des patrons et des membres de conseil d’administration qui s’engagent à atteindre d’ici 2030 les objectifs de développement durable fixés par l’ONU, ndlr).

Et comme parlementaire, est-ce utile de venir au WEF?

J’ai assisté à plusieurs conférences sur la politique mondiale. C’est profitable en matière de formation continue. Ecouter les cheffes d’Etat de la Finlande et de la Moldavie, dont les pays sont directement impactés par la guerre en Ukraine, m’a particulièrement marqué.

Est-ce aussi un moyen de faire du lobbying?

Ce rendez-vous a lieu en Suisse et comme parlementaire je suis invité. Je me vois donc aussi un peu contraint d’y participer et d’y apporter ma vision. En tant que politicien vert et entrepreneur, je défends une économie alternative avec l’humain et la nature au centre des préoccupations. Il s’agit de s’attaquer aux problèmes de durabilité de manière sérieuse et sans naïveté.

Avez-vous été entendu?

Je reste sceptique par rapport à la formule du WEF. C’est tout de même de grandes entreprises qui se rencontrent pour discuter entre elles. Il y a un manque de crédibilité entre ce qui se dit et ce qui se fait réellement. La réunion se fonde aussi sur une idéologie passéiste selon laquelle le marché va tout régler. Or ce marché, qui a bien sûr créé de la prospérité, est en bonne partie la cause de la destruction de notre planète. Je ne sens pas encore une volonté de vouloir vraiment voir le besoin d’intégrer toutes les perspectives et de sortir des dogmes. Nous avons par exemple besoin d’un Etat qui ne soit ni aussi grand ni aussi petit que possible, mais qui soit celui dont on a besoin. Une bonne économie est au service des humains et non seulement des actionnaires et de leurs dividendes.

La protection du climat et du pouvoir d’achat a été passablement discutée ces derniers jours, n’est-ce pas une avancée?

Il y a des discours qui vont dans la bonne direction mais ils sont plutôt légers. Et trouver des solutions avec des idées du passé n’aboutit à rien. Je partage d’ailleurs la critique du secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres: l’engagement concret de limiter la hausse de la température mondiale à 1,5 degré est loin d’être suffisant. Il faut aussi penser à l’équilibre social qui permet à chacun de mener une vie digne. Et ce n’est pas en écoutant seulement ce que les grandes entreprises ont à dire que nous trouverons un chemin. J’ai tout de même beaucoup apprécié suivre différentes conférences et les contacts noués sur place. Finalement, je dresse un bilan en demi-teinte de la manifestation.

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