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Économie

Samsung. Son bénéfice d’exploitation impacté par les dépenses

Les bénéfices d’exploitation de Samsung Electronics ont chuté de presque un tiers au quatrième trimestre par rapport au trimestre précédent, l’entreprise indiquant vendredi s’être focalisée sur la recherche et le développement.

Samsung est perçu comme ayant des difficultés à répondre aux exigences de Nvidia en matière de puces. (archives)KEYSTONE/AP/LEE JIN-MAN

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ATS, AWP et AFP

Aujourd’hui à 09:53, mis à jour à 10:32

Temps de lecture : 3 min

Ces résultats sont révélés dans un contexte incertain, où les leaders de cette industrie tentent d’évaluer les perspectives du secteur après que la startup chinoise DeepSeek a dévoilé un chatbot révolutionnaire aussi performants que les pionniers de l’intelligence artificielle, pour une fraction du prix, selon ses fondateurs.

L’entreprise est la filiale phare du géant sud-coréen Samsung Group, de loin le plus important des conglomérats familiaux qui dominent les affaires dans la quatrième économie d’Asie.

Cette annonce intervient après que la société a présenté en octobre de rares excuses, reconnaissant faire face à une «crise».

Pourtant, les ventes ont augmenté au quatrième trimestre de 11,8% pour atteindre 75’780 milliards de wons, tandis que le bénéfice net de 7750 milliards de wons (4,9 milliards de francs) était en hausse de 22,2% par rapport à la même période l’an dernier.

Mais le bénéfice d’exploitation de 6500 milliards de wons au quatrième trimestre, a été inférieur à celui du trimestre précédent, qui s’élevait à 9180 milliards de wons.

Une baisse due à «des conditions de marché peu favorables, en particulier pour les produits informatiques, et une augmentation des dépenses, notamment en matière de recherche et développement», a indiqué l’entreprise, plus grand fabricant mondial de puces mémoire, vendredi.

Comparé à la même période de 2023, le bénéfice d’exploitation a toutefois augmenté de 129,85% au quatrième trimestre.

En difficulté

Le géant américain de la tech Nvidia, dont les puces sont utilisées pour entraîner une grande partie des modèles d’IA générative tels que ChatGPT, s’appuie sur l’entreprise SK Hynix, rival sud-coréen de Samsung, pour se fournir en puces mémoire à large bande passante (HBM) nécessaires pour les unités de traitement graphique d’intelligence artificielles.

Samsung est perçu comme ayant des difficultés à répondre aux exigences de Nvidia.

Son avantage technologique «sur le marché des semi-conducteurs a été érodé ces dernières années», a déclaré à l’AFP Gloria Tsuen, vice-présidente chez Moody’s Ratings.

«L’augmentation rapide de la demande de puces pour l’IA accroît également la difficulté technologique à développer de nouvelles puces sur mesure pour les clients dans des délais raisonnables», a-t-elle ajouté.

Pour Neil Shah, de Counterpoint Research, les mesures prises par l’entreprise pour se concentrer sur les coûts face aux demandes plus exigeantes des clients «ont constitué des facteurs clés de ces turbulences».

L’agence Bloomberg a toutefois indiqué vendredi que Samsung avait obtenu l’autorisation de fournir à Nvidia une «version de ses puces mémoire à large bande passante de cinquième génération», citant des personnes familières du dossier.

Contacté par l’AFP, l’entreprise sud-coréenne s’est refusée de commenter ce rapport.

Un marché à l’avenir incertain

Récemment, l’agent conversationnel R1 de la start-up chinoise DeepSeek a stupéfié le secteur par sa capacité à égaler ses concurrents américains, et ce à un coût, selon l’entreprise, très inférieur aux investissements réalisés par les entreprises américaines.

Les inquiétudes quant à l’impact de Deepseek ont secoué les marchés boursiers à Séoul alors que la Bourse rouvrait vendredi après les congés du nouvel an lunaire. Les actions de Samsung étaient en baisse de 2,42% vendredi matin dans les premiers échanges.

«Alors que Samsung est confronté à des défis technologiques fondamentaux, les affirmations de DeepSeek ont remis en question l’économie fondamentale et les investissements pour les vagues d’IA en cours», a déclaré M. Shah de Counterpoint Research.

Jaejune Kim, vice-président exécutif de la division mémoire de Samsung, a déclaré lui lors d’une conférence téléphonique sur les résultats que l’entreprise «surveillait les tendances du secteur en envisageant différents scénarios», car elle fournit également à divers clients des puces HBM.

Il assure que son entreprise est déterminée à «répondre activement à l’évolution rapide du marché de l’IA».

Deepseek a indiqué utiliser des puces H800, moins avancées, et dont l’exportation vers la Chine était autorisée jusqu’à fin 2023, pour alimenter son modèle d’apprentissage à grande échelle.

«Cette + innovation économe + pourrait potentiellement ralentir ou étirer les centaines de milliards de dollars d’investissements dans l’infrastructure de l’IA au fil des ans», a par ailleurs déclaré M. Shah.

«Il pourrait donc s’agir d’une + bénédiction déguisée + pour Samsung, lui permettant de prendre le temps nécessaire pour perfectionner sa solution ou pour réduire les coûts», a-t-il ajouté.