Conjoncture. Royaume-Uni: chômage faible, entreprises inquiètes
Le chômage est resté stable à 4,4% lors des trois mois terminés en décembre, a annoncé l'Office national des statistiques (ONS). Mais le marché montre des signes de ralentissement, les entreprises se montrant inquiètes des hausses de cotisations patronales.
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ATS, AWP et AFP
Aujourd’hui à 09:51, mis à jour à 09:58
"Les intentions d'embauche se sont considérablement affaiblies sur l'ensemble du marché du travail et nous nous attendons à ce que cela persiste au cours des mois à venir", souligne Yael Selfin, analyste chez KPMG. La ministre britannique des Finances Rachel Reeves a présenté fin octobre un budget augmentant brutalement les cotisations patronales, qui entrera en vigueur en avril. Les entreprises ne cessent depuis d'alerter sur l'impact de ces hausses pour l'emploi et les salaires.
Selon Yael Selfin, une "double peine" s'annonce pour certains secteurs, comme l'hôtellerie ou la vente au détail, particulièrement touchés selon lui par ces cotisations, en plus d'une augmentation du salaire minimum également prévue en avril. Dans une enquête publiée lundi, l'institut économique Chartered Institute of Personnel and Development (CIPD) révèle qu'un tiers des entreprises s'attendent à une augmentation de leurs coûts de personnel et déclarent prévoir de réduire les emplois par des licenciements ou en recrutant moins de travailleurs.
Vers une hausse des coûts
"Les données d'aujourd'hui suggèrent que les entreprises ajustent peut-être déjà leur stratégie de main-d'oeuvre pour gérer la hausse des coûts", renchérit Richard Carter, analyste chez Quilter Cheviot. Il note une légère accélération de 5,9% (hors primes) de la croissance des salaires, qui "pourrait compliquer la prise de décision" de la Banque d'Angleterre.
Ce chiffre est en effet scruté de près par l'institution monétaire britannique, qui veille à la stabilité des prix et voit la croissance des salaires comme un indicateur de pressions inflationnistes. Cette dernière, qui vient de réduire son taux directeur à 4,5%, va devoir adopter une stratégie pour contrer "un ralentissement économique, avec le risque qu'une forte croissance salariale puisse soutenir la consommation et ralentir la désinflation", souligne Richard Carter.
Ces chiffres font suite à la publication la semaine passée d'un taux de croissance presque atone au quatrième trimestre, à 0,1%, qui renforce "les inquiétudes sur une stagnation".