Politique monétaire. La BCE baisse pour la quatrième fois d'affilée ses taux d'intérêt
La Banque centrale européenne (BCE) a annoncé jeudi une nouvelle baisse de ses taux d'intérêt, propice à soutenir la croissance atone en zone euro, même si les incertitudes sur la politique à venir de Donald Trump compliquent sa tâche.
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ATS et AWP
Aujourd’hui à 14:18, mis à jour à 15:17
Le taux de dépôt, qui fait référence, a reculé de 0,25 point de pourcentage, à 2,75%, comme attendu par la plupart des économistes. Cela en fait la cinquième baisse du loyer de l'argent depuis juin et la quatrième d'affilée.
Les pics de taux d'intérêt connus en 2023, décidés à l'époque pour contrer l'inflation élevée due à la flambée des prix de l'énergie et à la reprise post-Covid, appartiennent désormais au passé.
"Le processus de désinflation est en bonne voie" en zone euro, indique un communiqué de la BCE, signifiant qu'elle anticipe toujours un retour de l'inflation à son objectif de 2% dans le courant de cette année.
La remontée des prix en zone euro au dernier trimestre de 2024, jusqu'à 2,4% en décembre, est ainsi relativisée. L'inquiétude des gardiens de l'euro s'est déplacée vers le soutien à une zone euro économiquement fragile.
BCE et Fed divergent ___
Des données publiées jeudi montrent que la croissance a calé en fin d'année dernière, selon Eurostat.
En cause, de mauvaises performances en Allemagne et en France, les deux premières économies du bloc, pénalisées par l'instabilité politique et des défis structurels.
"Des facteurs défavorables continuent de peser sur l'économie, mais la hausse des revenus réels et l'atténuation progressive des effets de la politique monétaire restrictive devraient soutenir un rebond graduel de la demande", indique le communiqué.
La banque centrale américaine (Fed) a, quant à elle, opté mercredi pour le statu quo sur ses taux - dans une fourchette comprise entre 4,25% et 4,50% - face à une inflation élevée et un marché du travail jugé solide.
Elle a tenu tête au président américain Donald Trump qui avait "exigé" la semaine dernière que "les taux d'intérêt baissent immédiatement".
Imprévisible Trump ___
Lors d'une conférence de presse débutant à 13h45 GMT, la présidente de la BCE, Christine Lagarde, devrait laisser la porte ouverte à d'autres baisses à venir dans l'année, selon les économistes.
La confiance dans la stabilisation de l'inflation pourrait cependant être remise en cause par la "politique imprévisible" de M. Trump, selon les économistes de Deutsche Bank.
Au forum économique mondial de Davos, le président américain a exhorté à produire dans son pays sous peine de droits de douane élevés.
Ses menaces de guerre commerciale sont de nature à peser sur les exportations européennes, donc sur une croissance déjà faible, et à donner des arguments pour baisser encore les taux de la BCE.
Mais la hausse des tarifs douaniers américains générerait aussi de l'inflation aux Etats-Unis, qui pourrait se répercuter par contagion au niveau mondial.
Ces turbulences pourraient fracturer l'unité du conseil des gouverneurs de la BCE, déjà divisé sur l'ampleur des baisses de taux et l'impact des droits de douane américains sur la stabilité des prix en Europe, estime Stephanie Schoenwald, économiste à la banque publique KfW.
Taux "neutre" en vue ___
Autre élément surveillé de près, le prix du baril de brut a grimpé depuis décembre. Les analystes doutent que l'Arabie saoudite et l'Opep céderont aux pressions de M. Trump, qui a les a invités à faire baisser les prix du pétrole en augmentant leur production.
En l'absence de choc dans les mois à venir, le gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau, juge néanmoins "plausible" le scénario d'un taux de dépôt ramené "autour de 2% d'ici l'été", a-t-il déclaré à Davos.
Cela correspondrait au taux dit "neutre", qui n'aide ni ne pénalise la croissance économique et contribue à maintenir l'inflation à 2%.