En Suisse (aussi), l’eau est pleine de déchets invisibles
La Suisse peine à passer à l’action en matière de lutte contre la pollution plastique des cours d’eau. Le nord de Fribourg est considéré comme une des zones d’accumulation majeures des microdéchets.
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Gilles Labarthe
19 juillet 2023 à 20:57
Environnement » Chaque année, plus de 14’000 tonnes de déchets plastique sont déversés sur le territoire suisse, dont 615 tonnes sous forme de microplastique. Il s’agit de fragments souvent invisibles à l’œil nu, allant du micron jusqu’à 5 millimètres. Et dans cette catégorie, au moins 15 tonnes finissent dans nos rivières et nos lacs.
Une étude a récemment mesuré l’étendue au niveau national de la pollution des eaux par les microplastiques. Elle a été publiée dans la revue scientifique Nature Water. Ses auteurs, David Mennekes et Bernd Nowack, font partie du Laboratoire fédéral d’essai des matériaux et de recherche (Empa) à Saint-Gall. Sur mandat de l’Office fédéral de l’environnement (OFEV), ils se sont intéressés aux conditions de transport et aux modes de diffusion de sept types de polymères, dont le PET et le PVC. Conclusion des chercheurs: les microplastiques sont désormais «omniprésents dans les eaux et cours d’eau naturels».
Le nord de Fribourg, zone critique
Parmi les zones d’accumulation majeures de ces microdéchets, les cartographies et projections pointent Genève, le cours du Rhône, le nord de Fribourg, les cantons de Berne et Zurich ainsi que le nord de la Suisse. Sans oublier les régions frontalières.
Le Rhin affiche les scores les plus élevés, surtout à Bâle avec une estimation de 5 tonnes transitant vers l’Allemagne. «Ces fortes concentrations sont dues notamment au cumul et aux rejets de matériaux à la sortie de stations d’épuration», explique David Mennekes. Les berges des lacs sont aussi propices aux phénomènes de rétention et d’accumulation. Les zones lacustres sont jusqu’à dix fois plus polluées par les microplastiques que les rivières.
15
tonnes de plastique finissent dans nos rivières et nos lacs, au moins
Les deux chercheurs en appellent à des études plus poussées afin de déterminer l’impact des constructions faisant barrage et des inondations.
Par ailleurs, beaucoup d’inconnues subsistent sur les plans local et régional. A Fribourg, Rachel Brulhart, chargée de communication au Service de l’environnement, répond: «Nous n’avons pas de données au niveau du canton. Nous n’avons pas prévu pour le moment d’investigations particulières.»
Pneus responsables
Au niveau helvétique, Dorine Kouyoumdjian, chargée d’information pour l’OFEV, renvoie à un dossier réalisé sur le sujet, avec quelques chiffres globaux. Les résidus d’abrasion des pneus représentent ainsi une des sources majeures de ce genre de pollution, jusqu’à hauteur de 90%. A propos des matières plastique en général, l’OFEV recommande «d’appliquer le principe de précaution et d’en réduire au minimum les rejets dans l’environnement».
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