Edouard Menoud, le Romontois aux 40 brevets

Innovation » Dans le quartier des horlogers à Plan-les-Ouates, le Moléson joue à cache-cache avec les nuages. Une véritable boussole pour Edouard Menoud qui se plaît à dire que «depuis son fief genevois, il voit la montagne.» Le chef d’entreprise a quitté le canton de Fribourg, son diplôme d’ingénieur en poche, pour des raisons professionnelles. Il a travaillé quelques années pour différentes sociétés technologiques. Puis, il a créé Iem, pour Ingénierie Edouard Menoud, en 1986. «Mes débuts ont été assez laborieux et folkloriques. Je travaillais chez moi au sous-sol ou dans le garage», se souvient-il, avant de construire une annexe à sa maison.

La rue, c’est un peu le fil conducteur de sa vie. Le Fribourgeois a commencé son activité d’entrepreneur, avec les caissettes à journaux. Il l’a terminée sur les parkings. «Au moment où les médias gratuits ont signé l’arrêt de mort des caissettes, je me suis réorienté sur les parcomètres», précise-t-il.

Solution anti-triche

Aujourd’hui, Iem équipe les principales villes romandes à l’exception de Sion qui dispose encore d’un ancien système de paiement. Dans le canton de Fribourg, la PME est notamment présente dans le chef-lieu, à Châtel-Saint-Denis, Gruyères, Avry et Marly. Elle vise désormais Estavayer, Bulle, Morat et Romont. A l’échelle européenne, elle est active, par exemple, à Marseille et Anvers.

Avant sa réorientation entrepreneuriale, le Glânois a inventé les caissettes à journaux dissuasives. Nous sommes au début des années 1980 dans son garage. «A l’époque, il y avait encore des surveillants de caissettes. J’ai vu, dans le quotidien La Suisse qui n’existe plus aujourd’hui, une offre d’emploi pour un tel poste de gardiennage. Je me suis alors dit qu’une solution portant sur la dissuasion sociale fonctionnerait mieux», se souvient le septuagénaire.

«Nous utilisons du solaire. Il y a 25 ans, c’était précurseur.»
Edouard Menoud

Le bricoleur invente son premier prototype avec les Lego de ses fils, François et Philippe, dispositif qu’il brevette ensuite. Ainsi, si un lecteur ne payait pas suffisamment son journal, un voyant indiquant le montant déposé, que tous les passants pouvaient apercevoir, s’affichait sur la caissette. «Quelques années plus tard, nous avons mis en place des caissettes automatiques qui ne présentaient le journal au lecteur que s’il s’acquittait du juste prix», poursuit Edouard Menoud. Au final, l’inventeur aura écoulé une dizaine de milliers d’appareils principalement pour La Suisse, La Liberté, le Blick et le Tages-Anzeiger. Ces ventes lui ont fourni l’assise financière pour fonder Iem.

Le Romontois se lance ensuite dans les automates à parking. «Il s’agit du même principe: mesurer de la monnaie sur des dispositifs qui ont besoin d’énergie. Nous utilisons du solaire. Il y a 25 ans, c’était précurseur», précise l’ingénieur qui a également introduit les cartes à puce en Suisse. Mais c’est une autre histoire. En 2006, il lui vient l’idée d’introduire un téléphone portable dans l’horodateur pour permettre sa communication à distance. Aujourd’hui, les parcomètres communiquent en temps réel. L’entrepreneur a aussi mis au point des distributeurs de billets pour le compte des Transports publics fribourgeois, genevois et lausannois notamment.