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Économie

Des pressings écologiques pour se démarquer

Dans un marché saturé, des blanchisseries se proposent de réduire leur empreinte écologique

L’enseigne de pressings vaudoise Egen envisage d’ouvrir une boutique à Fribourg cette année.

Maude Bonvin

Maude Bonvin

11 avril 2023 à 04:01

Temps de lecture : 1 min

Textile » Alors que les coûts de l’énergie mettent au défi les laveries, certaines résistent à cette crise. Fondée en 2016, Egen poursuit son développement en Suisse. L’enseigne de pressings vaudoise envisage d’ouvrir une boutique à Fribourg cette année. Elle compte deux blanchisseries en propre et quatre franchisées. Son fondateur, Serhat Açig, l’avoue d’emblée: «Je ne souhaite pas devenir le fast-food du secteur. Faire du chiffre pour faire du chiffre ne m’intéresse pas.»

Pas question, pour lui, d’inonder le marché. Il tient trop à son indépendance financière. «Nous sommes autofinancés. Nous ne voulons pas faire appel aux banques. Tous les bénéfices sont réinjectés dans la société», précise le jeune homme, qui ne divulgue pas son chiffre d’affaires. Après quatre ouvertures en 2021, le Vaudois, âgé de 28 ans, n’a pas inauguré de nouveaux magasins l’an passé, «pour bien ancrer localement chacun des pressings avant de passer à l’étape supérieure».

Dans un secteur sous pression et très concurrentiel, Egen mise sur les lavages écologiques. La PME n’utilise ni solvants, ni sulfites pour nettoyer duvets, nappes et cravates. Ses cycles de lavage sont également plus courts et moins énergivores. Autre différence par rapport à ses concurrents: la firme n’externalise pas ses services.

Récupérer l’eau de pluie

Son prochain défi? Etre autonome en matière d’eau, en récupérant la vapeur produite par les fers à repasser et l’eau de pluie. «L’humidité dégagée par les vêtements lorsqu’ils sèchent à l’air libre est également reprise. Les sèche-linge qui crachent beaucoup d’humidité dans la pièce nous aident aussi», souligne Serhat Açig. Le fondateur d’Egen a mis sur pied un pressing pilote à Vevey, avec un réservoir directement relié aux machines à laver. «C’est un peu notre laboratoire», précise-t-il.

15%

de renchérissement de l’énergie, des produits de nettoyage et du transport

Une indépendance énergétique totale qui comprend aussi le transport? Paul Schwendimann n’y croit pas. «Il n’y a pas encore de camions fonctionnant au solaire», pointe le président de l’Association romande des entreprises de nettoyage des textiles (Arent). Les pressings consomment principalement du gaz et du fioul. Il existe néanmoins déjà des solutions pour récupérer l’eau usée et la vapeur dégagée par les machines à repasser.

Egen table aussi sur la diversification, avec plusieurs services destinés aux professionnels et adoptés par des institutions comme l’Ecole hôtelière de Lausanne (EHL) ou le Montreux Palace.

Une diversification salutaire dans un secteur bouleversé par deux années de pandémie. Pour Paul Schwendimann, le rétablissement est toujours en cours. «Nous ne pouvons pas nous plaindre, mais nous ne pouvons pas non plus crier victoire», déclare le président de l’Arent.

Hausse de prix

Durant le Covid-19, les blanchisseries et les pressings ont souffert de la fermeture des restaurants et de la baisse de fréquentation des hôtels pour les premières, et du télétravail pour les seconds. Ils font désormais face à la crise énergétique.

Selon l’Arent, l’énergie, les produits de nettoyage et le transport ont renchéri de 15% cette année. «Nous nous serions bien passés de cette deuxième crise. Une certaine fragilité demeure», poursuit Paul Schwendimann. Le président ajoute que cette hausse a été partiellement répercutée sur les clients. Et de faire remarquer que les pressings souffrent davantage que les blanchisseries, qui profitent désormais de la reprise du tourisme. Il observe que suite au coronavirus, de petites structures indépendantes ont fermé. En juin dernier, l’entreprise de services de ménage Batmaid a cessé de proposer à ses clients de reprendre leur linge sale à domicile et a licencié une cinquantaine de personnes dans la foulée.

Des habits prêts à jeter

Au plus fort de la crise sanitaire, trois quarts des sociétés interrogées par l’Association suisse des entreprises d’entretien des textiles (Aset) ont fait état d’un repli de leur chiffre d’affaires de 20 à 40%. Et 40% d’entre elles ont dû procéder à des licenciements.

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