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Économie

Comment gérer le risque de la méga banque créée par le rachat de Credit Suisse par UBS?

Le géant à 1500 milliards de francs créé par le Conseil fédéral présente un risque trop élevé en cas de crise. Le professeur d’économie à l’IHEID de Genève Cédric Tille propose des solutions.


Pierre-André Sieber

Pierre-André Sieber

28 mars 2023 à 04:01

Temps de lecture : 1 min

Banque » Le rachat quasi forcé du Credit Suisse (CS) par UBS a sauvé la place financière suisse voire mondiale d’une crise certaine mais de nombreuses questions demeurent. Pour un petit pays comme la Suisse, comment limiter le risque constitué par la création d’une gigantesque banque pesant 1500 milliards de francs? Selon Cédric Tille, professeur d’économie à l’IHEID de Genève, le parlement qui tiendra une session spéciale sur CS dès le 11 avril devra se pencher sur ce problème en priorité.

«Cette somme du bilan représente deux fois le PIB de la Suisse et constitue un gros danger pour les finances publiques en cas de problèmes», avertit le professeur. «Clairement, la Suisse n’est pas de taille à la sauver en cas de faillite. Par ailleurs, il faut pouvoir assurer la régulation de cette méga-banque. Je doute que l’Autorité fédérale de surveillance des marchés financiers (Finma) soit capable de le faire en l’état de ses forces.»

Un peu fort de café

A ce titre, Cédric Tille trouve un peu fort de café les critiques adressées par le conseiller national UDC Thomas Aeschi (ZG) contre la Finma dans la presse alémanique. «Durant des années, son parti s’est opposé au renforcement de cette autorité de régulation», poursuit le professeur d’économie de l’IHEID. «Il faut rappeler que cette autorité de surveillance ne peut infliger ni sanctions ni amendes. C’est sans doute ce qui a conforté le conseil d’administration de CS de poursuivre son activité dans la finance casino, une activité très risquée. Il semble qu’elle ait considéré les avertissements de la Finma comme des avis pouvant être ignorés, sans changer sa gouvernance.»

Un pays aussi riche que la Suisse ne peut-il vraiment pas se permettre d’être le siège d’une grande banque globale? «Non! Il faut clairement revoir à la baisse la taille de la banque née du rachat de CS par UBS», affirme Cédric Tille. «Se débarrasser des risques constitués par la banque d’affaires est une priorité. Sinon, en cas de banqueroute analogue à celle de CS, nous risquons de nous retrouver dans la situation de l’Irlande, sous perfusion du Fonds monétaire international (FMI)». Dans les années 2000, le «tigre celtique» avait des finances saines mais après la crise de 2008, il s’est retrouvé presque en faillite. Le gouvernement de ce petit pays de 4,6 millions d’habitants avait voulu sauver les banques en difficulté en reprenant leurs dettes pourries mais n’y est pas parvenu.

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