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L'éclairage de la BCF

Donald Trump… et nous?


Aujourd’hui à 01:00

Temps de lecture : 2 min

Le retour de Donald Trump à la Maison-Blanche provoque de nombreuses incertitudes économiques. Mais l’une des convictions du président ne fait aucun doute: «America First». Les investissements massifs pour soutenir l’économie domestique, les baisses d’impôts et la dérégulation du marché sont au programme.

L’augmentation des droits de douane figure aussi en bonne place. Reste à savoir si les mesures seront ciblées ou globales et si Donald Trump les mettra vraiment en œuvre. Ses annonces et revirements avec le Mexique et le Canada semblent montrer qu’il va surtout les utiliser comme des instruments de négociation.

Quel sera l’impact sur notre pays? Les produits suisses représentent seulement 2,5% des importations américaines. Nous ne devrions donc pas être une cible prioritaire. Vu de la Suisse, 15% de nos exportations totales partent vers les Etats-Unis, contre 44,75% vers l’Europe et 35,55% vers l’Asie. Les secteurs de la pharma, du luxe, des machines et de l’alimentaire sont les plus gros exportateurs.

En cas d’augmentation des taxes douanières, les Américains continueront-ils à consommer nos produits, dont le coût aura augmenté, ou redirigeront-ils leurs achats? Cette dernière option semble peu probable dans la pharma et le luxe, un peu plus pour les machines et les produits alimentaires. Pour le canton de Fribourg, 58% des exportations partent vers l’Europe et 14% vers les Etats-Unis. Elles concernent principalement les produits chimiques et alimentaires ainsi que les machines – les deux derniers domaines pourraient être touchés par une augmentation des taxes.

Le Centre de recherche conjoncturelle KOF a récemment calculé une baisse potentielle de 0,2% du PIB suisse en cas d’augmentation des taxes douanières américaines, en tenant aussi compte des réponses européennes et chinoises au sujet des mesures protectionnistes américaines.

Pour analyser les rapports entre les deux pays, on peut aussi garder à l’esprit que la Suisse est le septième plus gros investisseur aux Etats-Unis. Les sociétés suisses – pharma, banques et assurances en tête – figurent également au septième rang parmi les employeurs américains.

Dans les prochains mois, il faudra aussi être attentif au marché boursier américain. La consommation intérieure aux Etats-Unis est solide, le marché de l’emploi se porte bien, les sociétés ont des gros carnets de commandes. Donald Trump fera tout pour favoriser le maintien de ces tendances. L’arrivée des grands patrons américains de la tech dans les sphères du pouvoir devrait renforcer l’impact des Sept Magnifiques (Nvidia, Apple, Microsoft, Amazon, Alphabet, Meta et Tesla). Les Etats-Unis ont annoncé des investissements de 500 milliards dans l’intelligence artificielle.

Mais, à ce stade, la prudence est de mise: ces sociétés ont pris plus de 160% de valeur en deux ans. Peuvent-elles encore évoluer à la hausse? Sont-elles proches d’une correction? Impossible à dire avec certitude, mais la diversification reste le maître-mot. Le récent épisode du robot conversationnel chinois DeepSeek brouille encore les pistes.


  • * Deux samedis par mois, les experts de la Banque cantonale de Fribourg livrent leur éclairage sur un sujet d’actualité.

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