France. Dominique Pelicot condamné à la peine maximale de 20 ans de prison
La cour criminelle de Vaucluse a condamné Dominique Pelicot à la peine maximale de 20 ans de réclusion criminelle. Elle a déclaré coupable l’ensemble de ses 50 coaccusés, jeudi matin à Avignon, clôturant ainsi quatre mois du procès des viols de Mazan.
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ATS et AFP
Aujourd’hui à 10:08, mis à jour à 12:04
«M. Pelicot, vous êtes déclaré coupable de viols aggravés sur la personne de Gisèle Pelicot,» a déclaré le président de la cour criminelle de Vaucluse (sud-est de la France), Roger Arata, à celui qui a drogué sa désormais ex-épouse Gisèle pendant une décennie aux anxiolytiques, pour en faire son objet sexuel et la livrer à des dizaines d’hommes recrutés sur internet.
Suivant la demande de l’accusation, il a condamné Dominique Pelicot à la peine maximale possible pour viols aggravés, soit 20 ans de réclusion criminelle, avec une période de sûreté des deux tiers. «Hébété», l’accusé principal âgé de 72 ans n’exclut pas de faire appel, selon son avocate.
Entre 3 à 20 ans de réclusion
Pour ses 50 coaccusés, des hommes de 27 à 74 ans dont aucun n’a été acquitté, le magistrat a ensuite égrené une à une les peines infligées. Celles-ci s’échelonnent de trois ans, dont deux avec sursis, à 20 ans de prison.
Fin novembre, le ministère public avait réclamé de 10 à 18 ans de réclusion contre 49 des coaccusés, jugés pour viols aggravés ou tentative de viol, et quatre ans de prison contre le dernier, poursuivi pour «attouchements» sur Gisèle Pelicot.
Ces réquisitions étaient plus sévères que la moyenne des condamnations pour viols en France, qui était de 11,1 ans en 2022, selon le ministère français de la Justice.
«Le viol concerne des femmes du monde entier, c’est pour ça que le monde entier a les yeux sur ce qui va se passer», a expliqué à l’AFP une représentante du collectif féministe des Amazones d’Avignon (sud-est), alors que 180 médias, dont 86 étrangers, étaient présents sur place pour couvrir l’événement.
Après trois mois et demi d’audience, la cour criminelle de Vaucluse était partie délibérer lundi matin, après avoir donné une dernière fois la parole aux 51 accusés.
Les trois enfants du couple, David, Caroline et Florian, étaient arrivés ensemble jeudi au tribunal vers 08 h 30 locales, fendant une foule de spectateurs, militants et journalistes. Leur mère Gisèle était elle arrivée séparément et souriante, sous les bravos, un peu après 09 h 00, accompagnée de ses deux avocats.
Onde de choc
Cette décision, dans un Palais de Justice d’Avignon sous haute protection policière, était scrutée de près, en France comme à l’étranger, tant ce procès a provoqué une onde de choc depuis son ouverture le 2 septembre, jeté une lumière crue sur le fléau des violences sexistes et sexuelles ou de la soumission chimique et soulevé plus largement la question du consentement dans les rapports hommes-femmes.
Dans son réquisitoire, Laure Chabaud, l’une des deux représentantes du ministère public, avait espéré que la décision de la cour dépasse le sort de ces accusés et envoie «un message d’espoir aux victimes de violences sexuelles».
A l’inverse, les avocats de la défense avaient formulé une trentaine de demandes d’acquittement pour leurs clients qui, selon eux, ont été «manipulés» par le «monstre», le «loup» ou encore «l’ogre» Dominique Pelicot. Sans succès donc.
«Merci Gisèle»
La tension était palpable dans la salle d’audience, où un important dispositif policier avait été déployé. Reconnus coupables, plusieurs des 32 accusés ayant comparu libres devraient en effet dormir jeudi soir derrière les barreaux.
Prêts à cette éventualité, la plupart étaient d’ailleurs arrivés à l’audience avec un sac contenant quelques vêtements, a constaté un journaliste de l’AFP. En pleurs, l’un d’eux avait longuement étreint sa compagne avant de rentrer dans la salle.
Hors norme par sa durée, le nombre d’accusés, mais surtout l’atrocité des faits reprochés, ce procès a déjà marqué l’histoire. Dans les rangs des associations féministes et des parties civiles, l’espoir est grand de le voir faire évoluer les mentalités sur les viols, tentatives de viols et agressions sexuelles déclarés chaque année par plus de 200’000 femmes en France.
Cette affaire aura également permis d’incarner le fléau des violences sexuelles, à travers la figure de Gisèle Pelicot, 72 ans, qui de victime anonyme s’est muée au fil des semaines en une icône féministe exhortant les femmes «à ne plus se taire» afin que «la honte change de camp».
«Merci Gisèle», clamait une banderole accrochée aux remparts de la vieille ville d’Avignon jeudi matin, face au tribunal.