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Le passé recomposé

De la ville médiévale à l’agglo

Le passé recomposé • Trois étapes de Fribourg: la ville médiévale, le développement urbain amorcé par l’arrivée du chemin de fer et le site encore vert du Schönberg, aujourd’hui hérissé de blocs locatifs.

La ville haute en 2014.

Jean-Pierre Dewarrat*

Jean-Pierre Dewarrat*

28 janvier 2014 à 04:10

La ville haute de Fribourg entre 1915 et 1925.
La ville haute de Fribourg entre 1915 et 1925.

Le sujet et le cadre de cette photographie (datée entre 1915 et 1925) montrent un classique des vues de la ville de Fribourg, ici la ville haute. Alors en plein essor, la carte postale est friande de paysages alpins et de vues de villes et de villages. Avec deux tiers de terrain et un tiers de ciel, la composition, comme presque toujours à l’époque, est classique elle aussi. Sujet classique (un site et ses divers angles de vue) et traitement classique (composition graphique) sont alors les deux angles d’approche préférés de la photographie.

La compartimentation de l’image est parlante. Elle donne à voir une rangée de maisons, étroites, hautes et serrées les unes contre les autres (la Grand-Rue), qui traverse le cadre en son milieu, de gauche à droite et du haut vers le bas. Un monde architecturalement presque encore entièrement médiéval avec, dépassant de l’ensemble bâti, deux pics: la flèche de la cathédrale Saint-Nicolas et le clocher de l’Hôtel de Ville, les deux principaux pouvoirs de l’époque, la première affichant matériellement autant que symboliquement une préséance du religieux sur le politique. A cette relative horizontalité (la Grand-Rue étant en pente modérée) se conjugue la verticalité (le saut dans la Sarine, à droite), qui, soulignée par des ponts suspendus (ainsi celui de Bourguillon, tout à droite au centre), fascina tant artistes et écrivains du XIXe au point d’en parler comme de la «ville du vertige». Au premier plan, à gauche, la route des Alpes (construite entre 1904 et 1909) est en rupture complète avec la cité médiévale. «Balcon pour tous», elle desserre l’étau des circulations des rues de Lausanne et des Alpes; sa modernité (gabarit, largeur, pente et mobilier urbain) consacre la nouvelle gare et préfigure le quartier neuf de Pérolles, soit un Fribourg industriel, qui s’accroche au train de la Révolution industrielle qui, à son tour, la sortira de ses murs et de l’ancien monde, conservateur. La route des Alpes ouvre aussi le regard depuis la ville haute sur la basse, la Sarine et la falaise de Bourguillon et, au loin, elle donne à voir les Alpes, justement.

Au fond à droite, on voit le secteur encore rural du Schönberg (littéralement la «jolie montagne»), en une vision de campagne aux portes de la ville, au propre et au figuré. Depuis la fin du XIXesiècle, quelques villas et chalets ainsi que le très chic et moderne Hôtel Kurhaus mouchètent le vert coteau. Le lieu accueillit deux fêtes de tir, la fédérale de 1881 et la cantonale de 1905. Des projets de cités-jardins y virent le jour dès les années 20 du XXesiècle, mais c’est seulement dans les années 60et 70 d’urbanisation galopante du siècle passé que le Schönberg se couvrira d’un blanc manteau de barres locatives. Du pied occidental du Schönberg s’envole le (futur) pont de la Poya qui, dès le 14octobre prochain, offrira à la ville un supplément de ponts et de verticalité et consacrera définitivement le passage de la ville à l’agglomération et à ses nouvelles réalités.

*archéologue du territoire et chargé de cours à l’EIA-FR

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