Une première exposition à l'espace du Varis WallStreet pour Yul Tomatala
L’iconographe de la RTS cherche à déconstruire notre rapport au désastre dans sa première exposition individuelle à l’espace du Varis WallStreet.
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Yamile Caceres
20 décembre 2023 à 12:25
Fribourg » C’est au travers d’une «pratique installative» développée durant son master en arts visuels à Genève que Yul Tomatala explore la manière dont l’architecture et l’espace peuvent questionner la catastrophe. Iconographe à la RTS, l’artiste genevois cherche à déconstruire notre rapport au désastre, notamment à une époque où l’impitoyable afflux d’images brouille la frontière entre vrai et faux. Qu’il soit intime ou public, «le rôle de l’artiste ne serait pas de rendre les choses plus compréhensibles mais de négocier la place accordée aux événements», explique le plasticien qui expose à WallStreet, à Fribourg.
Une brèche dans le mur
A l’entrée de l’exposition, résonne dans cet espace épuré une longue vidéo qui immerge le visiteur dans une esthétique aux tons grisâtres. Elle commence lentement, dans un couloir d’archives désert et un peu irréel, pour progressivement accélérer et enchaîner d’anciennes séquences télévisées où l’on est témoin d’un tremblement de terre. Nous voyons l’image d’un plan fixe de bureaux pris de «spasmes», ces convulsions entraînant l’effondrement du plafond et des murs. Nous assistons, avec une certaine distance et une étrange lenteur, à la fois à l’écroulement de l’image et à l’affaissement des structures portantes du réel. Ce montage de scènes éclaire l’ensemble des installations de l’exposition dans le sens où le séisme, en tant qu’archétype de la catastrophe, désorganise l’espace et dévoile la fragilité des bâtiments (qui sont l’emblème de nos constructions sociales).
Les sculptures qui prennent place dans cette installation accentuent par ailleurs l’insolite architecture de la galerie qui se compose de deux pièces oblongues reliées par un tunnel sinueux, bas de plafond. Un espace peint en blanc, un white cube, mais qui ne cache rien des matériaux rugueux qui le composent, comme s’il s’agissait d’un lieu encore en construction. L’œuvre de Tomatala s’étend tout le long de cet espace traversant sous la forme d’une poutre en carton qui, au lieu de mimer la force féroce de l’acier qui soutient les murs, se révèle, sous l’impact du séisme, aussi fragile qu’accidentée. Les piliers qui longent cette structure ne sont guère plus utiles et ne «portent» rien: leur base ne touche pas même le sol. Ainsi suspendus en l’air, leur fonction de colonne se trouve remise en cause.
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