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Scènes

Une pièce hors du temps qui donne des raisons d'espérer

Une coproduction internationale réunit neuf interprètes pour jouer Un Ennemi du peuple d’Ibsen

La distribution réunit neuf actrices et acteurs de France, de Belgique et de Suisse romande.

 Elisabeth Haas

Elisabeth Haas

29 mars 2023 à 19:28

Temps de lecture : 1 min

Nuithonie » Les pièces du passé continuent d’entrer en résonance avec le monde d’aujourd’hui. D’un siècle à l’autre, l’humanité n’a pas toujours grandi, loin s’en faut. Mais il y a aussi des raisons d’espérer. Un ennemi du peuple (1882-1883), du dramaturge norvégien Henrik Ibsen, fait partie de ces classiques qui permettent de faire un pas de côté pour réanalyser notre actualité, d’autant qu’il met en jeu des personnages complexes et contradictoires. Le metteur en scène Thibaut Wenger s’en empare dans le cadre d’une coproduction française, belge et suisse, dans laquelle est engagée la compagnie Opus 89 de la comédienne fribourgeoise Joséphine de Weck. Trois représentations ont lieu à Nuithonie ce jeudi, vendredi et samedi.

Une fable écologique? Le point de friction se joue quand Thomas Stockmann, médecin d’une station thermale, découvre que l’eau des bains est polluée par les rejets d’industries locales. Nous sommes dans une petite ville dont Peter, le frère de Thomas Stockmann, est l’équivalent du syndic. Face à la perspective de travaux coûteux et d’une perte d’image pour la ville, le lanceur d’alerte se voit censuré et se retrouve isolé… Mais ce n’est que le début: en s’enfermant dans sa position et sa vérité, Stockmann révèle aussi ses défauts. Ses relations aux autres personnages dépassent la question écologique.

«Un ennemi du peuple peut se lire comme une pièce politique et comme une pièce sur la fratrie, précise Thibaut Wenger: je m’intéresse à ces deux voies-là. Ces deux personnages se prennent très au sérieux tout en se comportant comme des enfants», de manière immature. Le «motif» de la pollution des eaux, qui oblige Stockmann à alerter l’opinion publique, n’est qu’un prétexte: «Le problème écologique est vite écarté. Ce qui domine, c’est plutôt la trajectoire mégalomane» de Stockmann, selon le metteur en scène.

Une tragédie? Si la bourgeoisie dépeinte dans la pièce court à sa perte en cette fin de XIXe siècle, «Ibsen n’épargne personne, souligne Thibaut Wenger, «ni les intellectuels progressistes et leur bonne conscience, ni les politiques et financiers irresponsables et cyniques auxquels ils sont confrontés». Personne n’est gagnant. Pour le metteur en scène, Ibsen pourrait encore laisser «croire en un leader providentiel, qui renverserait l’échiquier, qui construirait une société sur une nouvelle base. Mais cette croyance est aujourd’hui limitée, on regarde cette trajectoire de manière plus ambiguë», pose-t-il. La Deuxième Guerre mondiale a rebrassé les cartes: «Stockmann est déjà un héros problématique. L’histoire du fascisme le rend encore plus problématique. Le personnage a des échos inquiétants.»

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