Une femme «qui choisit son destin»

La Tuffière » Quand elle chante Mon homme en 1920, Mistinguett a déjà 45 ans. Et déjà une carrière derrière elle. C’est jusqu’à cette date que court la comédie musicale Mistinguett en haut de l’affiche imaginée par Filipe Resende. L’auteur s’est surtout concentré sur la Belle Epoque, période où l’artiste parisienne explose dans le genre de la revue, où ses «gambettes» et sa gouaille soulèvent les cœurs au cabaret du Moulin Rouge, puis sur son passage par la Suisse durant la Première Guerre mondiale, en tant qu’espionne.

«Un épisode que peu de gens connaissent», sourit Filipe Resende. De quoi nouer une intrigue romancée qui accroche le public helvétique. Le spectacle se joue dans la tradition des comédies musicales anglo-saxonnes avec une troupe de solistes professionnels, un chœur de femmes, soit 25 personnes qui seront sur scène samedi et dimanche à La Tuffière de Corpataux, avant de tourner au Théâtre du Jorat, à Mézières, le 16 septembre.

Cheville ouvrière de cette création, la Fribourgeoise Jenny Lorant incarne Mistinguett en scène, comme actrice, chanteuse et danseuse. Elle donne la réplique à Filipe Resende, lui-même artiste complet, dans le rôle de Maurice Chevalier. Ils se sont battus ensemble pour monter le spectacle, aux côtés des metteurs en scène Fabrice Guillaume et Bernard Novet, ayant dû reporter la production après la pandémie.

Une histoire d’émancipation

Ce qui lie Jenny Lorant et Filipe Resende au départ, c’est la passion et le talent pour la chanson française. Et cette figure féminine forte. Pionnière. Avant-gardiste. C’est aux Folies Bergère, en 1912, que Mistinguett danse avec Maurice Chevalier, son homme. Elle alterne alors revues, rôles au théâtre et films muets. La Grande Guerre vient interrompre le galop du succès. Maurice Chevalier sert dans l’armée, son régiment est défait et il est fait prisonnier par les Allemands. C’est pour le libérer que l’actrice accepte de servir d’espionne depuis la Suisse.