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Scènes

Sept femmes en lumière

Critique Nuithonie

Retrouvez La Voie de l’Impératrice les 4, 5, 6, 7 et 8 octobre à Nuithonie. © Pierre-Yves Massot

Elisabeth Haas

Elisabeth Haas

1 octobre 2023 à 17:45

Temps de lecture : 1 min

Etre en terrain connu, avoir le sentiment d’être reconnue, oui, partager une forme de sororité. Face aux sept femmes réunies par Joséphine de Weck dans la grande salle de Nuithonie, on ressent le poids non dit des attentes, des normes sociales. Elles ont des vêtements trop étriqués, ou les épaules pas assez larges pour le veston formel, ou des talons aiguilles qui les empêchent de marcher librement: on voit sur elles le revers de la médaille d’être femme, elles doivent s’accommoder des coutures apparentes, des manches de trop, des semelles usées qui se défont…

La Voie de l’Impératrice, titre choisi par l’autrice et metteuse en scène, tisse tout un réseau de métaphores: du sable ocre sur le plateau, pour signifier le désert intérieur, jusqu’aux solitudes qui se rejoignent, parce qu’on n’est rien sans les autres.

La pièce réussit à dire les parcours personnels, les tourments intimes, tout en les universalisant. C’est la force du chœur au théâtre: les voix peuvent exister en apartés sous les faisceaux crus des projecteurs, s’échapper, tout en mettant sous une lumière chaude tout ce qui unit, ce qui rassemble. Quand le texte circule d’une actrice à l’autre, comme dans une partition musicale, l’effet de ressassement, de rumination, est saisissant.

Poupée cassée

Le doute, le vertige, l’inquiétude face à des choix cruciaux et existentiels de vie sont traduits par un jeu de répétitions et à travers ce souci de revenir au début, de vouloir repenser le problème, le poser à nouveau à plat, bien peser le pour et le contre, les conséquences inévitables… Joséphine de Weck utilise de manière récurrente l’image de la poupée qu’on casse, l’adieu à l’insouciance de l’enfance: car une fois le cœur mis à nu, c’est définitif, il n’y a plus de retour possible. Cette circulation de la parole entre les interprètes et les incises de jeu – monologues et duos interrompus par le chœur – exige de la précision: ce procédé fait sens et sonne juste.

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