Logo

Scènes

Laura Chaignat interroge la «vie réussie» dans sa nouvelle pièce

Laura Chaignat questionne ce qu’est une vie réussie dans son solo Presque Phèdre, à voir à Boulimie


Isabelle Carceles, Le Courrier

Isabelle Carceles, Le Courrier

13 mars 2023 à 15:30

Temps de lecture : 1 min

Théâtre » Rencontre avec la comédienne à Boulimie, à Lausanne, au lendemain de la première. Elle propose un café, s’en sert un, y ajoute une tisane au gingembre, pour faire pièce à la grippe. Elle porte des bottines en lézard (ou serpent peut-être?) et un rouge à lèvres ardent. Laura Chaignat est née il y a une trentaine d’années, dans le hameau des Sairains, sur la commune de Montfaucon, entre La Chaux-de-Fonds et Delémont. «Le lieu ne vous dit rien? Entre Genève et Bâle… Toujours pas?»

Ce village composé de «trois familles» et beaucoup de vaches, elle y est viscéralement attachée, et elle ne pense qu’à en partir. Comment elle est arrivée à monter son premier seule-en-scène à Lausanne, devant un public compact, aux yeux pétillants, trépignant sur les fauteuils boisés du mythique théâtre Boulimie, c’est ce qu’elle raconte dans Presque Phèdre. Avec une palette qui mêle autodérision («Laura, c’est un prénom inspiré d’une chanson de Johnny et d’un fer à repasser»), humour et émotion.

Imiter sa sœur

«Derrière chaque échec, il y a une porte qui s’ouvre» 
Laura Chaignat

Laura Chaignat convie donc la Phèdre de Racine, reine tragique et transgressive, qu’elle a longtemps rêvé d’incarner sur les planches. Mais… ce n’est pas si simple. «Je voulais jouer Phèdre à Vidy, je me retrouve à ramasser les mégots de clopes écrasés dans les fausses plantes des studios de Couleur 3. Ma carrière est une succession d’échecs qui me portent vers une étonnante réussite.» Pour une jeune femme «qui ne sait rien faire», la voie de l’animation radiophonique se révèle royale – bien que stressante.

Après Radio Fréquence Jura, ce sera La Première, et Couleur 3, sur la RTS, tout en exerçant une activité d’écriture qui débouchera sur ce seule-en-scène. Où on retrouve la reine indigne, donc, mais aussi sa propre mère, et une redoutable «dame du chômage».

«Je voulais surtout être libre!»
Laura Chaignat

Laura Chaignat les incarne tour à tour, avec un talent qui impressionne. Connaît-elle Zouc, la fameuse comédienne jurassienne, qui avait cette formidable capacité à incarner des personnages? Laura Chaignat se dit intimidée et impressionnée par l’aura de cette grande dame, dont elle a découvert le travail il y a quelques années.

«Je voulais être libre»

Le théâtre, pour elle, ça commence par un désir d’imiter sa sœur. Au départ, il y a un goût puissant de se montrer, un «jeu instinctif, depuis enfant». A quel moment a-t-elle découvert qu’elle pouvait faire rire? «Avant d’avoir conscience que c’était un pouvoir. Mon surnom enfant, c’était la lopette (ou chlopette, c’est-à-dire une crevure, qui fout la merde, une maligne, qui veut qu’on la regarde)… Bref, une drama queen XXL!» Sauf qu’elle, la Laura enfant et ado, elle ne veut surtout pas sacrifier au féminin, à ses stéréotypes limitants qui la terrorisent.

«Les femmes, elles ne faisaient pas partie de ma vie. Je ne voulais pas avoir des enfants, me marier, faire de la gym… Je voulais être un garçon – mais en fait, je voulais surtout être libre!» Mine de rien, par petites touches, Laura Chaignat dépeint un parcours de féministe en épanouissement.

Ce contenu provient de notre ancien site web. Il est possible que sa mise en page ne soit pas idéale. En savoir plus

Dans la même rubrique