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Scènes

Drôles de dictateurs

Jonathan Lambert présente le week-end prochain à Fribourg Looking for Kim, un spectacle qui raille les Lider Maximo et autres guides suprêmes

Jonathan Lambert l’assure: les dictatures sont des one-man-show qui ont mal tourné.

 Tamara Bongard

Tamara Bongard

1 mars 2019 à 14:17

Humour » Un dictatour. Jonathan Lambert, avec son spectacle Looking for Kim, écorne les dictateurs, de Néron à Hitler en passant par Kadhafi. Sur l’affiche de ce show qui s’arrête le week-end prochain au Nouveau Monde, il pose tel un Petit Timonier (disons Moyen, il mesure 1,73 mètre, selon Wikipédia) d’un pays communiste au régime dur.


 

Dans sa carrière, l’humoriste et comédien a déjà campé des personnages hauts en couleur (son écumant et priapique Damien Baizé a effrayé plus d’une invitée d’émission télé), des «copains d’enfance de stars» déjantés sur le plateau d’On n’est pas couché de Ruquier ou un personnage venu du futur pour Quotidien de Barthès. Mais on l’a aussi vu au cinéma chez Dupieux, Mocky ou Beigbeder. Et puis il y a les séries, dont Kim Kong sur Arte, dans laquelle il jouait un cinéaste kidnappé par un despote qui ressemblait drôlement au leader de la Corée du Nord. Interview du Français qui sera les 9 et 10 mars à Fribourg.

 

 

Kim Kong en 2017 puis maintenant Looking for Kim: avez-vous une passion depuis l’enfance pour les dictateurs?

Jonathan Lambert: C’est vraiment un hasard. Au moment où je démarrais mon spectacle Looking for Kim, on m’a proposé de jouer dans cette série. C’est assez surprenant, mais ce sont deux projets menés de manière complètement indépendante. La série explorait un fait que je connaissais, parce que je m’étais documenté là-dessus, mais je n’ai pas d’amour particulier pour les dictateurs. J’avais ce thème en tête depuis longtemps. Pour moi, la dictature est un one-man-show qui a mal tourné. On se trouve avec quelqu’un de seul, qui n’est pas sur une scène mais ça y ressemble – on se souvient des discours d’Hitler, de Castro ou de la marche sur Rome. Chez les dictateurs, il y a un goût de la mise en scène, du spectacle, à travers les vêtements, la façon de parler, le fait de se créer une sorte de signature. De toute évidence ils réfléchissent à comment construire leur personnage, cela fait partie de la propagande.

Difficile toutefois de faire rire avec des hommes qui ont tué, violé et torturé…

Toute comparaison gardée, le film de Chaplin, c’est ça. Quand on est humoriste, quel que soit le sujet, on a envie de le tourner en dérision. Les atrocités sont implicites, je ne les rappelle pas sur scène. Il s’agit au contraire de se moquer des dictateurs et surtout d’essayer de s’interroger sur la manière dont ces types sont arrivés au pouvoir car il y a quand même quelque chose de tellement dingue autour de leur personnalité, de leur délire, de leur mégalomanie…

Tout ce que je raconte est vrai et on a l’impression que ce sont des blagues, tellement c’est incroyable. Quand Ceausescu se fait construire un palais de 1100 pièces, quand Trujillo décide d’acheter une maison sur l’île, qu’il envoie un de ses hommes pour le faire qui revient en lui disant qu’il l’avait déjà achetée, il n’y a plus de limite. On est dans quelque chose de burlesque.

Vous vous attachez donc à ces petites histoires…

L’idée était de faire une relecture de l’histoire à travers ce qui était très anecdotique mais à la fois très révélateur de la personnalité des dictateurs. J’ai cherché dans des biographies, dans des documents sérieux, des anecdotes comiques.

Sur scène, êtes-vous raconteur ou campez-vous aussi des personnages?

Ce spectacle permet de jouer divers personnages, notamment à la fin, quand je pars à la recherche de Kim Jong-un, pour en savoir un peu plus sur lui, lui qui a suivi sa scolarité en Suisse. C’est l’occasion de jouer des personnages qu’il aurait pu croiser. Quand il était à Berne, à l’école, ses camarades ne savaient pas qui il était. Aujourd’hui, cela doit être fascinant de se dire «j’ai joué au basket avec lui dans la cour d’école, j’avais 13 ans». Ce type a une éducation assez classique. Il est de ma génération, il a écouté les mêmes musiques que moi.

Allez-vous écrire une suite au spectacle?

Je suis très heureux, car ce n’est pas un sujet évident, mais ce spectacle a une très belle vie: c’est maintenant sa troisième saison. Ce sujet intéresse les gens, mais je ne ferai pas de suite. La liste des dictateurs dont je parle est non exhaustive, évidemment, mais c’est une wish list assez copieuse. L’inverse se produit également. Dans le spectacle, je parle de Castro, et à la sortie, des gens m’ont dit qu’il n’était pas tout à fait un dictateur, qu’il a permis de s’affranchir des Etats-Unis. Ce sont de vrais débats de fond.

Ce sont donc des discussions politiques que vous tenez avec les spectateurs?

Oui mais les gens me le disent sans animosité. Ils savent que je ne suis ni maître de conférences ni prof d’histoire. C’est un spectacle d’humour.

Quels sont vos futurs projets?

On va rester un peu dans la dictature puisque dans la série Péplum, qui sera diffusée sur M6, je joue encore un César d’opérette. Puis je passerai à nouveau en Suisse avec la pièce Le prénom.

Les 9 et 10 mars au Nouveau Monde à Fribourg.

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