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Scènes

Cette fille-là tend un miroir à la peur

Michel Lavoie met en scène une pièce sur le harcèlement scolaire. Pour les ados et leur entourage

«Braidie ne fait pas la morale. Elle joue! Elle vit sa vie d’ado»: son rôle est partagé par la comédienne Joséphine de Weck et la musicienne Gael Kyriakidis.

 Elisabeth Haas

Elisabeth Haas

16 mars 2022 à 13:37

Temps de lecture : 1 min

Nuithonie » Le sujet est forcément sensible. De très près ou de loin, tous les enfants de la scolarité obligatoire sont concernés par des taquineries, des vacheries, des moqueries, des sacs arrachés, des tapes, des coups… Qu’ils les subissent, les voient seulement, ou les donnent. Ce qui peut sembler anodin au départ, ce qui peut passer par du jeu, du jeu malsain en vérité, peut gravement virer de bord avec les mois, voire les années: le harcèlement scolaire cause des dégâts profonds, parfois jusqu’à la mort. Le metteur en scène Michel Lavoie s’empare de cette problématique en montant la pièce Cette fille-là, à voir dès demain à Nuithonie.

Son désir: que l’on parle le plus possible de harcèlement scolaire. Pour qu’il soit désamorcé dès qu’il s’enclenche. Car non, ce n’est jamais anodin. Lui-même sait à quel point cette dévalorisation laisse des traces. Peut-on s’en remettre? Dans Cette fille-là, la narratrice, héroïne de fiction, Braidie, entend parler du cas de Reena Virk. Cette jeune fille de 14 ans s’est fait battre à mort en 1997, en Colombie-Britannique. Son décès avait défrayé la chronique à l’époque, au point que Michel Lavoie, Canadien lui-même, s’en souvient encore. L’auteure Joan MacLeod est partie de son histoire vraie pour en faire une pièce en 2004.

Elle fait parler Braidie, qui trouve des parallèles entre l’histoire de Reena Virk et celle qu’elle vit dans sa propre école. Son monde adolescent ressemble à celui dans lequel vivait la victime. En somme, cette histoire est universelle et pourrait se rejouer ailleurs, dans nos cycles d’orientation. C’est en menant un atelier artistique dans une classe fribourgeoise que Michel Lavoie, dans le cadre d’un projet Culture et Ecole du canton, s’est rendu compte de l’importance de la parole. La diffuser le plus largement possible fait partie de son engagement d’artiste.

Deux voix pour un rôle

Sans vouloir donner de leçon. «Braidie ne fait pas la morale, appuie le metteur en scène. Elle joue! Elle vit sa vie d’ado.» Petit à petit, en tirant des parallèles, en fouillant dans sa mémoire, elle reconstruit ce qui a pu mener au dérapage. La pièce aménage du suspense, elle ne révèle pas tout d’emblée, elle pose par bribes les pièces d’un puzzle qui dépasse l’adolescente. On comprend qu’elle est témoin de harcèlement, qu’elle n’ose rien dire, parce qu’elle a peur elle-même de le payer et de passer du mauvais côté.

Pour porter sa voix, Michel Lavoie a fait appel à la comédienne Joséphine de Weck et à la chanteuse et compositrice Gael Kyriakidis, connue sous son nom d’artiste Pony del Sol. Les deux femmes incarnent le même personnage. Dans un dispositif scénique tendant un miroir au public, elles croisent mots et musique pop et rock, écrite sur mesure pour le spectacle, pour rendre compte de tout ce qui se bouscule dans la tête de Braidie.

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