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Scènes

C'est la nuit des morts-vivants à Nuithonie

Julien Schmutz met en scène Le Joker de l’auteur québécois Larry Tremblay, «une pièce de zombies»

Le Joker, MeS de Julien Schmutz, Nuithonie - Fribourg, le 29 octobre 2022. Photos © Guillaume PerretGuillaume Perret

Elisabeth Haas

Elisabeth Haas

2 novembre 2022 à 12:29

Temps de lecture : 1 min

Nuithonie » Le joker, c’est cette carte magique qui peut remplacer toutes les autres dans un jeu. C’est le méchant emblématique et grimé de Batman, personnage issu de la culture américaine des comics. En français québécois, c’est aussi, et plus simplement, le blagueur, celui qui fait une blague, un joke. Quand Larry Tremblay écrit Le Joker, c’est à toutes ces significations populaires qu’il fait référence. Et quand Julien Schmutz s’empare en première européenne de la pièce du dramaturge canadien, il joue de ces multiples visages du joker. Une dizaine de représentations ont lieu à Nuithonie jusqu’au 13 novembre.

«C’est une pièce hors norme»
Julien Schmutz

Il faut garder en tête ce fond de jeu, de légèreté. Car si le metteur en scène fribourgeois décrit bien le spectacle comme «une pièce de zombies», il précise immédiatement: de zombies «poétiques». Larry Tremblay utilise la figure grotesque du mort-vivant récupérée par le cinéma d’épouvante comme «prétexte pour parler de fond», c’est-à-dire de la peur: «Il utilise l’imaginaire du zombie pour parler des peurs.»

«C’est une pièce hors norme», savoure Julien Schmutz. Elle se joue dans «une temporalité qu’on n’avait encore jamais rencontrée» et à différents niveaux de sens. Au premier degré, elle peut avoir un caractère «naïf, superficiel, quotidien. Mais plus on entre dans l’écriture, plus se dévoile une forme vertigineusement profonde et extrêmement bien construite.» Un peu comme s’il fallait gratter sous le vernis des apparences, pour que la force du texte se révèle.

Comme une contagion

Ce qui a motivé le metteur en scène à se consacrer à cette écriture complexe? Il se revoit au sortir des confinements, il y a deux ans: «Qu’est-ce que nous ressentions en tant qu’artistes et citoyens? Nous avions un sentiment de tristesse partagée, il y avait une chape au-dessus de nos têtes», se souvient-il, comme si la joie s’en était allée, comme si les humains ressemblaient à des zombies, ou que «nous étions tous en train de nous zombifier», souffle Michel Lavoie, comédien dans Le Joker et complice de Julien Schmutz au sein du Magnifique Théâtre, leur compagnie. Désormais, la guerre a pris le relais de la maladie, «une peur en a remplacé une autre», tandis que nous vivons dans une atmosphère de fin du monde du point de vue écologique. «Nous avions envie de parler de cette peur qui est dans les têtes, qui est véhiculée par les médias, de cette anxiété qui se diffuse comme une contagion.»

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